Le général Touati ainsi que Benyoucef Mellouk démentent l'existence d'une commission d'enquête. “Je ne fais partie d'aucune commission d'enquête sur les faux moudjahidine. Mon collègue, le général Abdelmadjid Saheb, non plus”, a fermement démenti le général Mohamed Touati, conseiller auprès de la présidence de la République. Dans une communication téléphonique, il a affirmé, hier, que si cette affaire venait à être traitée, sa prise en charge relèverait d'une autre autorité. “Je ne suis associé en quoi que ce soit à ce genre de questions qui relèvent d'autres autorités que les autorités militaires”, a-t-il précisé dans une mise au point écrite qu'il nous a, au préalable, adressée. A la question de savoir pourquoi la présidence n'avait pas réagi auparavant quand l'information sur la création d'une commission d'enquête a été rendue publique par un groupe de moudjahidine en décembre dernier, le général Touati dit simplement : “Pour moi, il s'agissait d'un canular.” Se réclamant comme représentant d'un groupe d'anciens maquisards qui mènent campagne depuis plusieurs années pour l'assainissement des rangs de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Mohamed Bougheba est, de son côté, affirmatif. Outre les noms des généraux Touati et Saheb qu'il cite sans nulle hésitation, il fait référence à des dates précises se rapportant à des réunions de la prétendue commission qui engloberait, selon lui, des représentants des organisations d'enfants de moudjahidine et de chouhada. Il fait même mention d'une rencontre tenue au ministère des Moudjahidine en septembre 2002, et à laquelle ont assisté les deux généraux susmentionnés. “Je n'ai jamais assisté à une réunion de ce genre”, soutient le général Touati. Principal protagoniste dans l'affaire des magistrats faussaires qui ont usurpé le titre de moudjahid pour gravir les échelons de la magistrature, Benyoucef Mellouk doute également de l'initiation d'une commission d'enquête par la présidence de la République. “La création de cette commission et la désignation d'un général à sa tête ne sont contenues dans aucun communiqué ou déclaration officiels portés à la connaissance de l'opinion publique par les services de la présidence”, fait-il remarquer. L'ex-fonctionnaire de la chancellerie, qui a révélé le scandale des faussaires au début des années 1990, se demande, par ailleurs, pourquoi une telle commission ne s'est pas rapprochée de lui pour exploiter les documents et les preuves en sa possession. Aux yeux de Mellouk, le lancement d'un travail d'investigation sur l'authenticité du passé historique des détenteurs de la fameuse attestation communale est du ressort d'un “congrès de moudjahidine”. “Si cette commission a lieu d'être, elle doit être composée par des responsables historiques et des moudjahidine authentiques”, ajoute-il. Menant un combat solitaire depuis plus de deux décennies, Mellouk a de tout temps interpellé les plus hautes autorités du pays sur les pressions et les menaces dont il fait l'objet. Surprise, en décembre 2002, le Palais d'El-Mouradia lui répond et l'invite à se rapprocher de ses services. Reçu par un collaborateur du chef de l'Etat, chargé des affaires sociales, il est assuré de la disposition de la présidence à l'aider. Or, retourné en début de ce mois à la présidence, il est refoulé. Que s'est-il passé ? Lui, il soupçonne un forcing des principaux incriminés dans le dossier des faussaires pour taire l'affaire. Vrai ou faux ? Une chose est sûre, le dossier des faux moudjahidine est embarrassant, trop embarrassant, si bien que tout le monde s'en lave les mains. S. L.