Des officiers de l'aln menacent de la dévoiler Faux moudjahidine : la liste noire Les noms de hauts responsables de l'Etat, dont des proches du président de la République, y figureraient. “Nous avons dans nos mains une bombe que nous menaçons de faire exploser à tout moment”, avertit M. Bougouba, ex-officier de l'ALN. De bombe, il s'agit, à vrai dire, d'une liste exhaustive de hauts cadres de l'Etat dont des membres du gouvernement et des fonctionnaires de la présidence de la République qui auraient usurpé le titre d'ancien moudjahid. “Ils sont très nombreux”, soutient notre interlocuteur. Faisant partie d'un groupe dit de “refus à l'atteinte de l'image du moudjahid et du chahid”, il annonce la tenue d'une conférence de presse, juste après l'Aïd, où seront dévoilés les noms des mis en cause. “Nous accordons un sursis d'un mois aux autorités. Passé ce délai, nous déballerons tout”, promet l'ancien maquisard. En janvier dernier, M. Bougouba et des compagnons d'armes, issus de 22 wilayas du pays, ont adressé un mémorandum à la présidence de la République pour demander l'ouverture d'une enquête sur les faux moudjahidine qui, selon eux, ont inondé l'ONM à hauteur de 80% des effectifs. Dans cette lettre, les contestataires faisaient remarquer la délivrance exagérée et suspecte d'attestations communales et le noyautage de l'ONM par des opportunistes, qui, au lieu de défendre et d'honorer la mémoire des chouhada et faire valoir les droits de leur descendance, utilisent l'organisation comme tremplin politique et moyen d'enrichissement. Dans une de ses nombreuses sorties médiatiques, M. Bougouba, chef de file des opposants, avait cité le ministre des Moudjahidine comme faisant partie des faux maquisards. Sans doute pour endiguer l'ampleur du scandale, la présidence de la République se serait engagée à mettre en place une commission d'enquête. M. Bougouba, qui a rendu publique cette information l'hiver dernier, révèle avoir été contacté par un des collaborateurs du général Touati, conseiller de Bouteflika à la sécurité de l'Etat, auquel il avait remis une plate-forme de revendications portant la signature des délégués des 22 wilayas. Selon lui, des réunions ont par la suite été organisées au siège du ministère des Moudjahidine pour l'installation de la fameuse commission d'enquête. Officiellement, aucune annonce n'est faite à ce propos. Pis, cité par Bougouba, le général Touati dément formellement l'ouverture par la plus haute magistrature du dossier des faux moudjahidine. “S'il a nié, c'est tout simplement parce que la présidence a fait l'objet de pressions qui l'ont poussée à faire marche arrière”, croit savoir M. Bougouba. À ses yeux, il n'y a pas de doute, les personnes impliquées sont puissantes et ont donc pesé de tout leur poids afin d'étouffer l'affaire. Pour autant, lui et ses camarades ne désarment pas. “Nous avons donné nos vies à ce pays et nous ne tolérerons pas qu'il soit vendu au plus offrant”, s'insurge M. Saïdani, ex-commandant de l'ALN, de la wilaya II. Le ton est donc donné à une nouvelle bataille pour la vérité. Limogé de son poste à la chancellerie pour avoir dévoilé une liste comportant des magistrats faussaires, Benyoucef Mellouk a levé le voile sur cette grande supercherie historique au début des années 1990. Depuis, il ne cesse de payer le prix de son courage. Limogé de son poste au ministère de la Justice, il est privé de tous ses droits civiques. Comme Bougouba et son groupe, il avait cru percevoir une lueur d'espoir au cours de l'hiver dernier quand, à son tour, il a été reçu à la présidence. Or, ce n'était qu'un leurre. Sans raison, la présidence fait marche arrière. Tout récemment, Mellouk a reçu à son domicile des émissaires du palais d'El-Mouradia qui ont voulu acheter son silence en lui demandant de faire confiance à Bouteflika qui, une fois réélu, promet de se pencher sur son dossier. SAMIA LOKMANE Ramadan 2003 : la cuvée de la présidentielle Phénomène récurrent, le ramadan revient chaque année que Dieu fait et, à chaque fois, c'est pratiquement la même litanie. Tout le monde condamne le consumérisme qui enflamme les Algériens, mais personne ne prie pour qu'il en soit ainsi, même hors ramadan. L'abstinence, c'est pour les ascètes qui ne sont pas nombreux et pour la foule qui n'a que ses yeux pour dévorer étals et présentoirs. Sur ce point, les responsables du commerce ont toutes les raisons de se satisfaire de l'absence de pénuries. Il y en a pour tous les goûts. Pour toutes les bourses, comme le revendique l'UGTA dans ses rares moments de lucidité syndicale, c'est pour plus tard. Ceux qui en sont exclus n'ont qu'à prendre leur mal en patience. C'est la potion miracle que prodiguent les responsables, à l'image du ministre de l'Intérieur, qui vient de la (re) prescrire aux sinistrés du dernier tremblement de terre à qui Bouteflika avait promis un toit avant l'hiver, qui s'est annoncé, lui, avant l'heure. Selon l'argentier du pays, les Algériens seront cette année plus nombreux à faire bombance. Le Smig a été relevé et la béatitude de Sidi Saïd écrase, aux yeux du gouvernement, les nombreux conflits sociaux drivés par des syndicats autonomes “gauchistes” qui, de toutes les façons, ne sont pas “légaux”. Ils mobilisent, et alors ? Du moment que le pouvoir a bien déclaré ne jamais négocier sous la pression de la rue. Pour Bouteflika, il n'y a de démocratie que la sienne, qualifiée, comme au bon vieux temps du parti unique, de “responsable”. Benachenhou, qui s'est exprimé la veille du ramadan, a assuré que la croissance est de l'ordre de 6%, non sans avoir relevé qu'elle a doublé depuis 1999. On ne sait où ce professeur d'économie a péché ce chiffre, à moins qu'il confonde production et importation. Il a dit quand même des choses vraies. Le pays est assis sur une fortune de 31 milliards de dollars, cependant, ses habitants ne voient toujours pas le bout du tunnel. Précisant n'avoir confiance en personne, surtout pas le privé, arguant la liquidation du groupe Khalifa, le ministre des Finances annonce froidement que ce trésor dort dans le bas de laine. Dans l'attente d'une descente aux enfers du prix de l'or noir que C. Khelil a, d'ores et déjà, prédit pour dans pas longtemps. L'agriculture a fait des bonds remarquables, même si l'UNPA s'interroge sur la gestion par S. Barkat du milliard de dollars du PNDA. Les intrants, semences et équipements viennent d'ailleurs, mais les légumes et fruits sont disponibles, c'est déjà ça de gagner pour le consommateur. Pour les viandes, la sécheresse a beau être derrière nous, la mafia du mouton a encore pignon sur rue. Les autorités s'en lavent les mains. La loi du marché est implacable : aux moins riches le congelé, et pour les pauvres le miraculeux Jumbo. ça embaume pour pas cher. Le ramadan, ce n'est pas que le mois de l'odorat et des papilles, c'est également celui des promesses d'un au-delà paradisiaque. Bouteflika, grand promoteur devant l'Eternel, vient de frapper fort en annonçant pour 2004, année des élections, des microentreprises pour 35 000 diplômés. Maintenant, on a la certitude que l'Ansej est un fonds de commerce qui va battre le tambour aux côtés des zaouïas et autres associations qui mangent dans la main d'Ould Abbès. Comme les précédents ramadans, celui de 2003 sera marqué par les restaurants de la piété et la distribution de couffins du ftour. C'est un signe de solidarité avec les plus démunis, mais ses promoteurs ne veulent toujours pas admettre que plus l'aide est discrète, mieux elle est appréciée. Le pauvre a aussi de la dignité. Il ne fait aucun doute : les caméras de l'Unique serviront avec détails ces images du dénuement et de la régression sociale au sujet desquels seul le Cnes de M. S. Mentouri continue inlassablement à tirer la sonnette d'alarme. Dans le fol espoir d'un ressaisissement chez ceux qui pilotent le pays, avant qu'il ne soit trop tard. Si la campagne électorale pénètre les portes de l'humanitaire, bonjour les dégâts. Questions à un dinar : de quel portrait seront ceints les restaurants des communes où la majorité n'est pas acquise à Bouteflika ? Sous quelle chapelle seront menées les caravanes qui se rendront dans les sites des sinistrés ? Les intermittents qui pousseront la chansonnette dans les places publiques, seront-ils obligés de marquer leur préférence, comme l'ont fait certaines stars du raï ? D. BOUATTA CADC de Tizi Ouzou Elaboration d'un nouveau document de réflexion À l'issue des travaux de la commission de réflexion de la CADC de Tizi Ouzou qui s'est réunie, pour la seconde fois et pour une durée de trois jours à Illilten, un autre avant-projet du document de réflexion sur la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur vient d'être peaufiné. Ce nouveau document qui se veut plus exhaustif est élaboré, selon la déclaration de la commission, en se référant aux amendements et propositions apportés par les différentes coordinations locales, lors du dernier conclave extraordinaire tenu à Tizi Rached. Les passages ayant suscité de grandes divergences au sein de la CADC sont vraisemblablement les mieux abordés et les plus touchés par les amendements et les propositions. Bien qu'aucune information précise n'ait filtré sur le document, notamment dans son volet politique qui constitue la grande source de divergences, puisque celui-ci est jugé en déphasage avec l'esprit politique de la plate-forme d'El-Kseur, le point relatif aux préalables posés lors du dernier conclave de l'Interwilayas, comme condition sine qua non à toute amorce de dialogue avec la Kabylie, a fait objet d'un important changement. Sur ce point, la commission a précisé dans sa déclaration que “ce document ne sera mis sur la table de discussion qu'une fois que le chef de l'Etat aura répondu officiellement et favorablement sur toutes les incidences posées comme préalables avant d'entamer tout contact avec le pouvoir maffieux et assassin”. Ce document, finalisé dans la journée d'hier, sera soumis à la plénière du 35e conclave ordinaire de la CADC qui décidera de son adoption définitive ou non, avant qu'il soit soumis au prochain conclave de l'Interwilayas qui synthétisera les documents de toutes les wilayas représentées pour peaufiner le document final fixant les modalités de mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Samir Leslous