Le directeur général des impôts a indiqué que 1 769 importateurs ont été interdits d'activité. Le ministre des Finances, M. Mourad Medelci, au cours d'une réunion des responsables des impôts, tenue jeudi dernier à Béjaïa, a indiqué que 33% des entreprises, cite l'APS, ne déclarent pas leurs revenus. “Certaines entreprises sont confrontées certes à des difficultés, mais le taux de 33% ne générant pas de profit dépasse l'entendement. Cela représente un motif suffisant pour renforcer les moyens de contrôle de l'administration des impôts qui doit réduire rapidement ce chiffre”, a-t-il ajouté. En clair, un tiers des entreprises ne déclare pas ses bénéfices aux impôts. Ces revenus sont soumis, rappelons-le, à l'impôt sur les bénéfices des sociétés, l'IBS, réduit s'il est réinvesti, à 30% s'il n'est pas réinvesti. Dans la foulée, le directeur général des impôts, M. Bouderbala, a indiqué que durant l'année 2005, ses services ont dressé des rappels de droit estimés à 14,8 milliards de dinars et proposé à la Banque d'Algérie, au terme d'une opération d'assainissement des importations l'interdiction de domiciliation bancaire contre 1 769 opérateurs dont 1 382 ont été suivis d'effet. En termes simples, les redressements fiscaux opérés par les services du fisc ont atteint près de 15 milliards de dinars en 2005. Et l'opération d'assainissement du commerce extérieur, effectuée par l'administration fiscale, a abouti à la présentation de dossiers à la Banque d'Algérie en vue d'interdire de domiciliation bancaire, c'est-à-dire d'activité du commerce extérieur, 1 769 importateurs. Sur cette longue liste, 1 383 opérateurs ont été aujourd'hui effectivement interdits d'importation. L'évasion fiscale est ainsi devenue un sport national. Si l'ampleur de ce phénomène révélée par le ministre des Finances est avérée, n'oublions pas que trop d'impôts pèsent sur les entreprises qui créent de l'emploi et de la richesse. L'administration fiscale a tendance depuis de nombreuses années à compenser ses difficultés, à appréhender l'assiette fiscale et partant la faiblesse des recettes ordinaires par rapport aux besoins budgétaires en “surfiscalisant” et les entreprises productrices de biens et services et les salariés aux faibles et moyens revenus. Même s'il faut reconnaître qu'une série de dispositions fiscales a allégé sensiblement le fardeau fiscal des sociétés et de simples contribuables. En réalité, trop d'impôts tue l'impôt, telle est l'une des explications à cette grande évasion fiscale. Mais cette fuite à large échelle devant l'impôt à sa source également, soulignons-le, au climat d'impunité qui a longtemps régné dans les activités du commerce extérieur et sur le champ de l'économie parallèle. Si depuis quelque temps, l'arsenal réglementaire est devenu plus répressif, à la suite des exhortations du chef de l'état contre la corruption, la contrebande et l'évasion fiscale, ne nous leurrons pas sur ce point. Les institutions de contrôle peinent à coordonner leurs efforts. La justice reste, du reste, peu efficace face à l'ampleur des détournements, l'étendue des complicités, et les tentatives de corruption des juges. Ces contraintes laissent penser que nos gouvernants, en dépit d'un discours affichant leur détermination à juguler ces fléaux qui minent la santé économique et sociale du pays, hésitent en fait à “mettre le pied dans le fourmilière”. N. Ryad