Alors que les travailleurs des impôts sont en grève depuis hier, syndicat et direction campent sur leurs positions. Selon Youcef Djéridi, secrétaire général par intérim du Syndicat national des travailleurs des impôts, la plate-forme de revendications date d'avril 2001 et a été transmise à la direction générale des impôts “en 2001 et même en 2002”. “Le ministre des Finances a toujours vanté le travail fait par le personnel des impôts. Il a même déclaré que l'administration fiscale est la seconde entreprise du pays après les rentrées du pétrole. Mais, dans les faits, nous sommes sous-payés et le ministre lui-même l'a reconnu”, a déclaré le responsable syndical. M. Djéridi a indiqué, en outre, que sur les huit points de la plate-forme, “certaines revendications ont été satisfaites, telles que l'intégration des vacataires et les agents de bureau, ainsi que l'organisation de concours pour le recrutement”. Seulement, les principales revendications, à savoir l'augmentation des salaires et la protection du personnel des impôts, sont toujours insatisfaites. D'après le SG par intérim, des salariés du secteur reçoivent encore des salaires de 7 000 DA, des inspecteurs en fin de carrière sont payés à 18 000 DA, alors qu'un simple agent travaillant dans une banque peut percevoir 25 000 DA. “Nous gérons l'économie nationale, les finances, mais le secteur des impôts reste le plus pauvre. C'est aussi un secteur qui ne protège pas ses agents dans l'exercice de ses fonctions. Il nous faut des textes juridiques surtout pour le trafic d'influence et l'abus d'autorité”, a encore soutenu M. Djéridi. D'autres syndicalistes ont également tenu à intervenir, hier, lors de notre passage, pour raconter les difficultés vécues par près de 25 000 employés des impôts. C'est le cas notamment de M. Ayad, représentant de l'Est du pays. Selon ce dernier, la révision du statut particulier figure parmi les autres revendications. “La révision de ce statut est nécessaire, parce qu'elle aura des répercussions positives sur la question des salaires. Il y a des travailleurs des impôts qui ont la même formation et le même diplôme que d'autres qui exercent ailleurs, y compris dans la Fonction publique, pourtant ils sont payés moins qu'eux. Il existe de grands écarts dans les salaires entre les impôts et les autres secteurs, alors que le budget de l'Etat est garanti par la fiscalité ordinaire”, a relevé d'un air de dépit le Annabi. M. Ayad a, par ailleurs, fait mention d'une “participation massive” des travailleurs à l'échelle nationale. Un autre syndicaliste a abordé les conditions de travail. “Sur le terrain, les travailleurs des impôts travaillent dans de mauvaises conditions. Il existe des recettes qui sont installées dans des ex-vides sanitaires, alors qu'on parle depuis 20 ans de la modernisation des impôts”, a-t-il attesté. Au niveau de la direction générale des impôts, le ton est à la minimisation de l'impact de la grève. “À Sétif, la participation de la grève est de 67%. Le reste (des salariés) peut faire marcher le service. À Sidi-M'hamed, le taux est de 48%, donc l'impact de la grève est nul. À Béjaïa, le taux est de 100%, là c'est plus délicat...”, a commenté par téléphone le directeur de l'administration des moyens, Mohamed Krache, laissant aussi entendre que la charge de travail n'est pas “très importante” dans la période actuelle. Selon le gestionnaire, “tous les problèmes soulevés (par le syndicat, ndlr) sont pratiquement réglés, excepté le salaire”. Il a cité le cas de la régularisation de 850 agents vacataires et de 513 agents de bureau, de même que celui de la prime de rendement “qui a été multipliée par deux”, à la fin 2002. M. Krache a, en outre, indiqué que le ministère des Finances “a décidé de revoir le statut et les salaires”, précisant que ceux-ci sont liés au statut de la Fonction publique. “Nous avons installé un groupe de travail, composé de compétences, qui remettra son rapport au ministère à la fin de l'année. Nous comptons associer le syndicat, mais je ne peux pas vous donner un délai”, a déclaré le directeur de l'administration des impôts, avant d'ajouter : “Nous n'avons pas fermé les portes. Nous avons pris en main tous les problèmes depuis deux ou trois ans”. H. A.