L'opération de privatisation des hôtels publics, actuellement en cours, augure d'une certaine réussite. À titre d'exemple, l'hôtel Bougaroun, à Collo, a vu au moins trois personnes morales retirer les cahiers des charges contre aucun pour la précédente opération. L'ouverture des plis relatifs aux soumissions pour l'appel d'offres de privatisation de 14 hôtels de droit public, lancée en février dernier, se fera, selon un communiqué de Gestour, le 6 mai prochain au Sofitel d'Alger. Le même communiqué accorde une rallonge de 15 jours pour la date limite de dépôt des soumissions. Prévue pour le 15 courant, elle est prorogée jusqu'au 30. Selon des sources sûres, cette prorogation de délai découle de la volonté des pouvoirs publics de donner plus de temps aux acquéreurs potentiels. Les uns pour peaufiner leurs dossiers, les autres, les retardataires, pour retirer les cahiers des charges. Le but principal étant de faire jouer au maximum la concurrence entre les différents postulants. En effet, à l'inverse de la première opération de privatisation qui a connu un succès mitigé, celle-ci bénéficie d'un véritable engouement. Aussi, les personnes morales qui ont déjà procédé au retrait des cahiers des charges sont jugées “de qualité meilleures”. Certaines sont même issues de groupes hôteliers et financiers. Pour des analystes, ce frémissement du marché de la privatisation de l'hôtellerie se justifie par au moins deux éléments. Le premiers est la conclusion par l'Etat des opérations de privatisation des hôtels cédés lors du dernier appel d'offres dans les meilleures conditions, ce qui a créé une certaine confiance. Le second est la richesse du panel des établissements concernés. En effet, sont proposés à la privatisation dans ce lot les hôtels Essalem, Kedada, Chelia, Hamadites, Bougaroun, Tamgout, Albert 1er, El Mordjane, Mermoura, El Riad, El Marsa, Corne d'or, Centre touristique de Tipasa et le centre de thalassothérapie de Sidi Fredj. Au départ, durant les années 1980, taboue, la privatisation comme processus de restructuration économique avait besoin de stimulateurs pour intéresser une demande de qualité. Aujourd'hui, les mentalités ont évolué. L'Algérie, dans une situation d'embellie financière, ne cherche pas, du moins en priorité, à travers les privatisations à renflouer ses caisses. Les objectifs sont plutôt stratégiques. Au niveau macro- économique, il est inadmissible qu'on aille vers l'économie de marché avec un secteur public monopolistique. Au niveau micro-économique, il est inconcevable que des hôtels, qui ne sont en fait que des prestataires de gîtes et de couverts, soient gérés par l'Etat, appelé à se redéployer plutôt sur ses missions classiques. Au risque d'être accusé de brader la chose publique, le gouvernement a eu le courage politique d'offrir sur le marché de la privatisation des opportunités rentables. Les échos recueillis de la cession des premières unités en début d'année sont la meilleure publicité pour le processus, aussi bien auprès des capitaux résidents qu'étrangers. Lynda N.