La première qualification d'Arsenal pour les demi-finales de la Ligue des champions d'Europe de football vient conforter la ligne de conduite d'Arsène Wenger, pas mécontent d'apporter une première réponse à ceux qui, en début de saison, promettaient le pire aux Gunners. “À la fin, les gens avaient l'impression que c'était moi le handicap. Alors, bien sûr, je suis soulagé.” L'entraîneur d'Arsenal a accueilli dans un petit sourire espiègle et une pointe d'humour très british la première qualification de ses Gunners pour la demi-finale de la C1 après plusieurs échecs en quarts de finale. Qualification acquise mercredi sur le terrain de la Juventus (0-0) après la nette victoire de l'aller à Highbury (2-0). Wenger, s'il a acquis le respect en Angleterre en décrochant trois titres de champion (1998, 2002, 2004) et quatre Coupes d'Angleterre (1998, 2002, 2003, 2005), semblait voué à ne pas connaître les sommets européens. Et cette saison moins que les autres. Le Royaume n'avait pas caché son scepticisme l'été dernier face à l'opération jeunesse lancée par le manageur des Gunners après le départ de l'emblématique Patrick Vieira pour... la Juve. “Globalement, son pari est en train d'être gagné”, témoigne Robert Pires, pourtant pas spécialement en osmose avec son entraîneur ces temps-ci. Wenger, comme pour chaque joueur de plus de 30 ans arrivant en fin de contrat, ne lui propose en effet qu'un renouvellement d'un an. Cette méthode, en faisant fuir les trentenaires, explique aussi la jeune moyenne d'âge d'Arsenal. Lâché en Championnat par les trois autres grands (Chelsea, Manchester United et Liverpool), Wenger trouve dans la Ligue des champions l'occasion de crédibiliser son projet à moyen terme. Et ce, malgré les critiques d'une presse anglaise pas toujours tendre envers celui qu'elle avait appelé “Arsène who ?” lors de son arrivée en septembre 1996. Le premier entraîneur étranger de l'histoire du club londonien se voit notamment parfois reprocher le caractère trop international de son équipe. À Turin, aucun joueur anglais n'était d'ailleurs sur la pelouse. Lors de la conférence de presse d'après-match, les journalistes anglais n'ont pas manqué de chatouiller une nouvelle fois Wenger en profitant d'une question d'un de leurs confrères italiens : “Est-ce une victoire du football anglais sur le football italien ? Je ne sais pas si on peut dire que c'est une victoire du football anglais... (Rires des journalistes anglais). C'est une victoire du football français, alors ? Je pense que c'est simplement une victoire du football et des équipes qui essaient de jouer au football. Nous représentons le football anglais, bien sûr, mais je ne veux pas dire que le football anglais est meilleur que le football italien.” A 56 ans, Arsène Wenger n'a rien perdu de sa souplesse et de son élégance. Surtout quand il s'agit de répondre aux questions embarrassantes.