Il y a des villes dans l'Algérie profonde qui recèlent un potentiel touristique et économique important à long terme, méritant une mise en valeur. Que reste-t-il d'Aflou ? La capitale de Djebel Amor est réputée pour le célèbre tapis qui est une merveille artisanale. Djebel Amor est un massif montagneux rattaché à l'Atlas saharien d'une longueur de 100 km et 60 km de large. Il est situé entre les monts des Oulad Naïl au nord-Est, les monts des Ksour à l'ouest et le Sahara au sud. La ville d'Aflou est implantée en plein cœur du massif de Djebel Amor à 1 400 m d'altitude, sur la plaine d'El Laout qui forme une cuvette dont les terrains les plus anciens du massif appartiennent à l'ère secondaire. Du point de vue historique, cette région a connu toutes sortes de peuplements, notamment, les Berbères, les Romains les Rostemides, les Juifs et les Arabes de la tribu des Beni Hilal. Aflou a été créée en 1785. Elle fut l'une des premières sous-préfectures de la région et qui était rattachée à Oran puis à Tiaret. Elle a conservé toutefois quelques repères historiques tels la mosquée antique construite en 1902, ainsi que l'ancien secteur militaire, l'actuelle daïra, qui constitue une véritable forteresse, de rares infrastructures édifiées dans le cadre du Plan de Constantine durant la colonisation, comme l'actuel hôpital qui a subi une extension ces dernières années. Située à 110 km au nord-ouest de Laghouat chef-lieu de wilaya, Aflou compte une population de près de 75 000 habitants. Du point de vue climatique, cette ville présente un climat sec, un hiver prolongé et glacial atteignant les 17 degrés sous zéro, ce qui explique que les communes avoisinantes demeurent complètement isolées durant la saison froide ou pendant les tempêtes de neige ainsi qu'une pluviométrie avoisinant les 300 à 400 mm par an. La région d'Aflou possède de fortes potentialités touristiques avec les gravures rupestres d'El Gheïch, Sfisfa, Taouiala et qui représentent un patrimoine historique propre à cette région, susceptible de redonner un souffle à l'économie de cette région. Sans omettre de signaler l'industrie artisanale et plus particulièrement le fameux tapis de Djebel Amor qui a toujours conservé son cachet et dont l'élément fondamental du décor est un losange hérissé de crochets perpendiculaires aux quatre côtés, ou, pour employer la terminologie spéciale au blason, un losange bastillé, crénelé, et qui entoure un autre losange plus petit, parallèle au premier. Notons qu'il a été signalé que ce motif était fréquent dans certains tapis du Daghestan, de la Suède et de Smolensk. Il ne serait pas étonnant que les Turcs aient apporté à Alger des tapis russes et que le modèle s'en soit ensuite répandu dans les tribus de Djebel Amor. Actuellement, cette ville de l'Algérie profonde n'arrive pas à trouver un essor économique satisfaisant. L'investissement se fait rare. Le taux de chômage reste élevé comme dans toute la wilaya, très marquée par l'oisiveté persistante d'une jeunesse désœuvrée emplissant les cafés de la ville. Selon certains notables de la ville, il y avait une usine de fabrication de textile à la sortie d'Aflou, qui employait de nombreux ouvriers, qui avait fermé ses portes et suite à cela, son local a été transformé en centre d'incarcération. Notons, par ailleurs, une certaine anarchie dans le réseau routier qui est, au demeurant, quelque peu délabré. Le réseau électrique présente une certaine particularité, selon les citoyens : il y a beaucoup de branchements électriques souterrains ou à même le sol qui se font de manière illégale et ceci présente un véritable danger, notamment durant la saison pluvieuse. Concernant les besoins en matière de santé, selon le directeur du secteur sanitaire, il y a un besoin pressant de spécialistes, notamment en gynécologie, réanimation et médecine interne. Ce même responsable indique qu'une unité de néonatologie a été créée afin de réduire le taux de mortalité qui était important auparavant. Il reste à signaler également que la société civile est impliquée dans le mouvement associatif pour essayer de se prendre en charge, malgré les difficultés. À titre d'illustration, nous citons l'association Chiffa qui existe depuis trois ans et qui a réalisé un petit centre d'hémodialyse doté de 3 postes et qui vient également d'ouvrir un centre pour le suivi des maladies chroniques, selon son président Mohamed Sendil. Rappelons enfin qu'Aflou est la ville natale de la célèbre écrivaine romancière franco-algérienne, Leila Sebbar, et du célèbre défenseur italien Matteo Ferrari. Rachid KADA