Un homme avait sept femmes. Il partit un jour pour traverser les sept mers, il apporta sept pommes, il rencontra un homme qui lui en demanda une : «O mon brave, lui répondit-il, je n'ai que sept pommes pour mes sept femmes. Il lui en donna la moitié d'une. La femme qui reçut la moitié de pomme, mit au monde Amor Ennefç. Un jour les sept enfants allèrent en promenade ; montés sur les sept chevaux, ils arrivèrent à la maison d'une ogresse qui leur dit : «Amenez-moi vos chevaux, je les attacherai, et je leur donnerai à manger.» Celui d'Amor ne mangeait que du charbon et du sel. L'ogresse donna de l'orge aux autres, ils crevèrent pour en avoir trop mangé ; le cheval d'Amor mangea du charbon et du sel et ne mourut pas. Vers le soir, l'ogresse leur dit : «Je vous adjure, au nom de Dieu, de me dire quand vous dormez». Ils lui répondirent : «Quand tu nous entendras ronfler.» - «Et toi, Amor, quand dors-tu ?» - «O princesse, répondit-il, quand tu verras des pierres pousser sur celle du foyer, tu sauras que je dors, sinon je ne dormirai pas ; et toi, ô princesse, quand dors-tu ?» Elle lui répondit : «Quand tu entendras les chiens aboyer, les ânes braire, les chevaux hennir, les grenouilles coasser, les chacals japper, les serpents siffler, tu sauras que je dors ; sinon je ne dormirai pas.» Quand l'ogresse fut endormie, les enfants se levèrent, coururent à leurs chevaux, et, ne les trouvant pas, ils montèrent sur celui d'Amor. A son réveil, l'ogresse se mit à leur poursuite afin de les dévorer. Elle les aperçut du haut d'une colline et leur cria : «O Amor, attends-moi.» - «Malheur à ton père», lui répondit Amor. En arrivant chez leur père, les enfants lui dirent : «Sans Amor, l'ogresse nous aurait dévorés.» Un jour, l'un des enfants dit à son père : «O mon père, il y a chez l'ogresse un tapis qui s'étend seul.» -«Amor nous l'apportera», répondit le père. Amor partit muni d'aiguilles qu'il planta sur le tapis ; quand l'ogresse vint se coucher, les aiguilles la piquèrent : «Reste tranquille, juif de tapis, ne me pique pas, sinon je te jette à Amor qui t'emportera.» Elle jeta le tapis à Amor qui l'emporta. L'enfant dit de nouveau à son père : «O mon père, il y a chez l'ogresse un moulin qui moud seul.» - «Amor nous l'apportera», répondit le père. Amor prit un roseau et en frappa le moulin : «Tais-toi, juif de moulin, s'écria l'ogresse, sinon je te jette à Amor, qui t'emportera.» Elle jeta le moulin à Amor qui l'apporta à son père. L'enfant dit de nouveau : «Il y a chez l'ogresse un plat qui prépare le couscous et le cuit tout seul.» - «Par ma selle, répondit le père, tu me l'apporteras.» Amor se rendit chez l'ogresse, et frappa le plat avec un roseau : «Tais-toi, juif de plat, s'écria-t-elle, sinon je te jette à Amor.» Elle le jeta à Amor qui l'emporta. L'enfant dit de nouveau : «O mon père, il y a chez l'ogresse un tamis qui tamise le couscous tout seul.» - «Par ma selle, répondit le père, Amor nous l'apportera.» Amor prit un roseau et en frappa le tamis : «Tais-toi, juif de tamis, s'écria l'ogresse, sinon je te jette à Amor qui t'emportera.»