Le spectre des licenciements plane sur certaines entreprises qui n'arrivent plus à couvrir les salaires. Oran court le risque majeur de voir sa population active réduite à sa portion congrue du fait du spectre des licenciements qui plane sur un nombre important de travailleurs appartenant aux secteurs public et privé. Des travailleurs qui se débattent dans des problèmes socioprofessionnels sont constamment menacés de chômage technique ou carrément mis en quarantaine par leurs employeurs. C'est le cas de la société de construction Geoprom dont les 473 employés n'ont pas perçu leurs salaires depuis plus de deux mois. Les raisons de cette situation qui fragilise davantage les travailleurs sont à mettre sur le compte du laxisme des responsables en charge du devenir des centaines de travailleurs et de leurs familles. Selon le responsable des affaires sociales au niveau de l'Ugta de la wilaya d'Oran, la précarisation de l'emploi constatée dans différentes entreprises relève de la mauvaise gestion ajoutée aux créances bancaires impayées considérables. Mais le cas de figure le plus significatif concerne l'Office communal des spots (OCS) qui vit une situation à la limite du cocasse. Voici, en tout cas, 74 employés qui n'ont pas été rémunérés depuis plus de 35 mois alors que la masse salariale inhérente à la mairie d'Oran fait figure de “caisse saine”. Qu'en est-il de cette situation explosive qui affecte des sociétés qui n'arrivent plus à rémunérer leurs employés ? La colère des travailleurs est grandissante d'autant que les conditions socioprofessionnelles ajoutent au marasme des représentants syndicalistes qui n'hésitent pas à crier à la gabegie. “Nous frisons la catastrophe car nous ne pouvons plus tenir longtemps”, déplore ce syndicaliste de l'entreprise d'Eriad où sont employées 244 personnes. Au sein de la défunte Régie communale des transports urbains d'Oran (Rctuo), ce sont 135 employés qui n'ont pas perçu leurs salaires depuis plus de 15 mois. “Notre vie et celle de nos familles ne tiennent qu'à un fil. Nous sommes au seuil de la mendicité”, se plaint ce travailleur qui “tire” derrière lui 23 ans de bons et loyaux services. Pour lui comme pour ses collègues d'infortune, le désert rouge de la précarisation de l'emploi est une pilule amère difficile à digérer. “Notre entreprise possédait plus de 150 bus et employait 1 700 personnes. C'est à cause du laxisme des autorités locales que nous sommes devenus des "parias" dont on ne veut plus entendre parler”, ajoute-t-il sur un ton blasé. C'est également l'avis des travailleurs de l'ancienne surface de distribution Edipal où ça pleure partout et ça ne rit nulle part. Les 43 travailleurs de cette entreprise, jadis prospère, tirent la sonnette d'alarme sur leurs conditions de vie mais “tirent” aussi sur les responsables à l'origine de leur situation actuelle. “Après nous avoir saigné à blanc, certains responsables parlent de relancer le programme des privatisations sur l'emploi alors que nos salaires sont impayés depuis plus de 11 mois”, s'indignent les travailleurs. Les récriminations des 80 employés de l'Enapem viennent s'ajouter au long chapelet des salaires impayés de leurs collègues. “Nos salaires sont bloqués depuis plus de 14 mois. Nous exigeons la régularisation de notre situation salariale”, lance un travailleur dépité. Au niveau des banques où sont domiciliées des entreprises “défaillantes”, le secret est bien gardé et aucune information ne filtre sur le blocage des salaires. Nous apprenons que les comptes de certaines entreprises sont “vides” et sont même passibles de poursuites judiciaires. Des responsables banquiers discrets avoueront à demi-mots des découverts bancaires sans préciser le fond de leur pensée. En attendant, les travailleurs sans salaires menacent de reprendre leurs piquets de grève après voir épuisé tous les recours légaux et “tapé” à toutes les portes. B. GHRISSI