La Confédération générale du travail (CGT) d'Espagne s'intéresse aux problèmes de la société civile algérienne. En visite depuis trois jours en Algérie à l'invitation du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), les responsables de la CGT Espagne se disent disposés à apporter leur solidarité aux revendications de la société algérienne : “Tout ce qui se passe à l'intérieur de la société civile algérienne, que ce soit chez les femmes, chez les travailleurs, chez les immigrés ainsi que tout ce qui est en rapport avec les discriminations liées à la vie quotidienne nous intéresse dans le cadre d'une solidarité internationale où nous voulons faire front face à la mondialisation, aux problèmes de la sous-traitance et aux privatisations”, a expliqué, hier, à ce propos Angel Bosqued, secrétaire national chargé des relations internationales à la CGT, lors d'une conférence de presse animée au siège du bureau national du Snapap à Belfort. En présence de Rachid Malaoui, le président du Snapap ainsi que plusieurs représentants de la confédération espagnole dont Augustin Acosta, le secrétaire national chargé du Maghreb, le conférencier notera : “Nous voulons tout simplement travailler avec le peuple algérien, étant bien entendu que jusque-là, nous n'avons travaillé qu'avec les syndicats marocains.” Brossant un tableau sombre de la situation des libertés syndicales en Algérie après avoir rencontré plusieurs syndicats autonomes (de la santé, de l'enseignement supérieur, de l'éducation, du personnel navigant…), Augustin Acosta relèvera pêle-mêle qu'“il y a des syndicats qui n'ont pas d'agréments alors qu'ils sont représentatifs, le Snapap veut créer une intersyndicale, mais rencontre des entraves administratives dans le secteur économique, alors qu'il y a une multitude de syndicats autonomes, il est anormal et illogique que ce soit un syndicat unique (UGTA) qui négocie avec le gouvernement des problèmes des travailleurs et des questions des salaires lors de la tripartite”. “Il y a des licenciements abusifs, des non-paiements de salaires malgré les décisions de justice, la répression et des harcèlements judiciaires contre les syndicats autonomes ainsi que le processus de privatisation qui se fait dans des conditions non compréhensibles”, enchaînera de son côté Angel Bosqued. Comment s'exprimera la solidarité de la CGT envers les revendications de la société algérienne ? “Nous allons apporter notre solidarité tout d'abord par la formation en faisant profiter aux syndicalistes algériens de l'expérience que nous avons capitalisée en la matière en dénonçant les violations des droits syndicaux”, indiquera Angel Bosqued. Dans les faits, cette solidarité se manifestera à travers “des dénonciations et des sit-in que nous organiserons y compris en Espagne pour dénoncer les conditions de travail des Algériens immigrés chez nous, tout comme nous défendrons les intérêts des Algériens immigrés en Espagne”, dira Augustin Acosta avant d'ajouter : “Nous dénoncerons également les conditions des travailleurs algériens dans des sociétés espagnoles basées en Algérie.” Aussi des rencontres ainsi que des manifestations seront-elles organisées en Espagne “pour médiatiser l'activité syndicale en Algérie”, dira M. Malaoui. Dans les faits, cette solidarité intersyndicale s'est concrétisée à travers la conclusion d'un protocole d'accord entre le Snapap et la CGT. Faisant état de ce document, Rachid Malaoui indiquera qu'il porte sur plusieurs points, à commencer par la formation syndicale. C'est ainsi que deux universités d'été pour les femmes syndicalistes en Algérie et en Espagne seront organisées en 2007, note-t-il. L'institution d'un “réseau syndical maghrébin autonome du pouvoir avec les Européens” est également à l'ordre du jour du protocole d'accord, dira M. Malaoui. Tout comme il s'agira d'instaurer une communication permanente entre la CGT et le Snapap. Le président du Snapap annoncera, en outre, la venue prochaine d'un syndicat français en Algérie. NADIA MELLAL