Grève et protestation dans le secteur de l'éducation nationale. Les établissements scolaires, tous paliers confondus, risquent d'être paralysés dès demain. Le Conseil national des professeurs de l'éducation secondaire et technique (Cnapest), l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), le Satef et le Snapap reviennent à la charge. Ils tablent sur une importante mobilisation des enseignants pour arracher leurs revendications socioprofessionnelles. En effet, les responsables de ces organisations syndicales ne se suffisent plus des promesses et des appels au dialogue du ministère de l'Education. « Le ministre nous convie à chaque reprise au dialogue. Mais, cela n'est qu'une stratégie pour casser nos mouvements de grève. Il (le ministre) ne sert en réalité que d'intermédiaire entre nous et la direction générale de la Fonction publique », a lancé Nouar Larbi, porte-parole du Cnapest. Intervenant, hier, lors d'une conférence de presse animée conjointement avec les responsables de l'Unpef, l'orateur affirme la détermination des enseignants à maintenir la pression jusqu'à satisfaction de leurs doléances. Ces deux organisations vont ainsi relancer la protestation, à partir de demain, avec une grève d'une semaine reconductible. EIles seront rejointes, le 9 novembre, par le Conseil des lycées d'Algérie. Le Satef et le Snapap, eux, débrayeront à partir du 11 novembre. « L'école algérienne va mal. Tant que la situation sociale des enseignants ne sera pas améliorée, rien n'arrêtera la contestation », a souligné Saddek Dziri, président de l'Unpef. Les deux conférenciers ont dressé un tableau sombre de la situation du secteur de l'éducation. Sur le plan des salaires, ils affirment que l'enseignant algérien touche une paie dérisoire. « Nous avons fait une comparaison avec les salaires des enseignants des pays voisins. Les Tunisiens touchent l'équivalent de 80 000 DA et les Marocains 70 000, tandis que le meilleur enseignant algérien ne perçoit que 50 000 DA », a-t-il soutenu. « Comment exiger un meilleur rendement à un prof qui peine à joindre les deux bouts ? », interroge Nouar Larbi, en demandant des salaires équivalents à trois fois le SNMG. Vers la création d'une CGT algérienne Selon les responsables des deux syndicats, le budget consacré par l'Algérie à l'éducation est insignifiant devant celui des pays voisins. « La masse salariale en Algérie ne représente que 12,1% du PIB contre 30% en Tunisie et 20% au Maroc. Cela pose un vrai problème de redistribution des richesses », a-t-il ajouté. Ce dernier a critiqué également « les lenteurs exagérées des pouvoirs publics dans le traitement du dossier du régime indemnitaire ». Dans ce sens, les conférenciers dénoncent la dernière circulaire du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, annulant la rétroactivité des indemnités. Selon eux, cette décision est une « injustice de trop » puisque les hauts fonctionnaires de l'Etat, les députés et les magistrats ont déjà bénéficié des indemnités par effet rétroactif. « Nous demandons l'annulation de cette circulaire », exigent-ils. Outre ces revendications, les organisations syndicales demandent aussi la révision des classifications de certains corps, une augmentation conséquente du point indiciaire et l'adoption d'une nouvelle politique de la médecine du travail. Abordant l'épineux problème des enseignants contractuels, le premier responsable du Cnapest déplore le traitement réservé à cette catégorie et insiste sur la nécessité du règlement définitif de cette question. « Les contractuels sont surexploités et celui qui ose revendiquer ses droits est licencié. C'est un traitement injuste et nous exigeons la levée des décisions qui empêchent les contractuels de prendre part aux différents concours », a-t-il précisé. En sus, les syndicalistes dénoncent l'emprise de l'UGTA sur l'argent des œuvres sociales « qu'elle exploite comme un moyen de chantage sur les enseignants ». Pour casser le monopole de l'UGTA, les syndicats autonomes envisagent de créer une nouvelle organisation : la Confédération générale du travail (CGT) algérienne. « Nous sommes en train d'étudier cette option », a annoncé Nouar Larbi.