Rien ne va plus dans la petite mairie de Bousfer et, apparemment, beaucoup d'eau est en train de couler dans le gaz. Créé au lendemain du dernier découpage de 1984, ce petit village d'allure coloniale qui a donné malheureusement naissance à un certain Jouhaud, général de son état, s'est donc retrouvé du jour au lendemain propulsé au rang de commune à part entière. 3 000 habitants à gérer seulement — pour les différentes Assemblées populaires qui se sont succédé depuis — c'était plutôt du papier à musique. Ni entreprises publiques ou privées qui posaient problèmes, ni licenciements abusifs, ni logements sociaux à distribuer, rien de tout ce qui asphyxie en général nos villes et les bourgs de campagne. Bref, une vie “pépère” et sans histoire pour un élu désireux de faire de vieux os. Malheureusement, les choses ne pouvaient rester en l'état. La population entre-temps a grossi pour passer de 3 000 à 15 000 habitants. Les ressources communales, des droits de parking et quelques taxes sur les infrastructures de colonies de vacances, n'ont pas suivi la même courbe. Au contraire, certains camps de loisirs ont été purement et simplement abandonnés par leurs propriétaires. Et puis, les appétits politiques ont commencé à s'aiguiser. Quatre formations s'imposeront au niveau du chef-lieu : le FLN, le RND, El Islah et le PRA. Et c'est à partir de là que tous les présidents d'APC n'auront qu'un seul objectif en tête : assurer l'équilibre d'un exécutif pour le moins curieux, c'est-à-dire sans majorité réelle et sans opposition effective, composé de deux membres FLN, deux membres RND, deux membres El Islah et un élu indépendant. La construction d'un pareil exécutif ne pouvait à l'évidence résister à l'épreuve des calculs et des combinaisons. En novembre 2002, un maire FLN est installé à la tête de la commune. Cinq mois plus tard, en mars 2003, il en est chassé par une motion de défiance. Son intérim sera assuré par l'élu PRA que l'on congédiera huit mois plus tard, c'est-à-dire en octobre 2003 par une motion identique. Le troisième président, un élu FLN, gardera lui aussi son poste pendant huit mois, d'octobre 2003 à mai 2004, avant d'être lui aussi remercié. Le quatrième président, un élu FLN, ne fera pas mieux que son prédécesseur : il tiendra huit mois, de mai 2004 à janvier 2005, avant de céder la place à l'actuel responsable, M. Mahi qui vient du RND. Profitant du congé à l'étranger pour soins du nouveau maire, l'exécutif rodé aux procédures de défiance rééditera automatiquement l'opération, mais cette fois sans succès parce que la procédure, en l'absence de l'intéressé, est tout simplement illégale. Le président d'APC fera même mieux. Il limogera purement et simplement les deux “trouble-fêtes” à l'origine de la motion. En attendant que le wali d'Oran statue officiellement sur leur sort, M. Mahi a réussi à former enfin une majorité qui tient la route. Cela n'empêche pas quelques débordements verbaux et même des insultes et des grossièretés en pleine mairie. M. MOHAMMEDI