S'il est maintenant sûr que le Maroc ne présentera pas son dossier d'autonomie à la prochaine session du Conseil de sécurité de l'ONU, il s'avère que les conseillers du roi s'attellent à en dessiner les contours. Le projet marocain d'autonomie commence à prendre forme. Les intenses consultations avec les partis politiques marocains et le Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes, Corcas, outre les recommandations des alliés occidentaux, notamment Paris, ont permis aux concepteurs du projet de se fixer davantage sur le contenu. “Le document final n'est pas prêt. Il est actuellement enrichi par les propositions des partis politiques qui ont donné leur avis sur le terme d'autonomie et sur ce qu'il devrait inclure. De plus, le Corcas, le Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes, doit encore rendre sa copie et se réunit à cet effet le 8 avril”, a indiqué une source marocaine au Journal hebdomadaire paraissant à Casablanca. Rabat compte solliciter auprès du Conseil de sécurité un sursis de six mois pour peaufiner son document. Les secteurs qui occuperont une place prépondérante dans la proposition marocaine sont la justice, la sécurité et l'enseignement. Dans le volet sécuritaire, les conseillers du souverain alaouite préconisent un redéploiement vers le nord de la centaine de milliers de militaires marocains stationnés au Sahara occidental. Un plan aurait déjà été établi en ce sens par les stratèges militaires du monarque marocain. Dans ce cadre, un système de départs volontaires aurait également été mis en place et l'ensemble des militaires dûment recensés. Concernant la justice, il ne fait aucun doute qu'elle continuera à être rendu au nom du roi, mais il est prévu d'importantes mesures non encore dévoilées. Quant à l'enseignement, des programmes répondant aux besoins locaux pourront être conçus et le rectorat à même d'embaucher ses maîtres et ses professeurs, proposent les initiateurs du projet après étude des suggestions puisées dans les propositions émanant des partis politiques marocains. Mohammed VI est si précautionneux dans sa démarche, parce qu'il a pris connaissance d'un rapport interne du Conseil de sécurité des Nations unies, lequel indique : “Si la proposition marocaine venait à ressembler à la proposition limitée présentée en 2003, elle ne serait probablement pas bien accueillie par le Conseil.” Le même rapport met en garde le Maroc sur le fait que si cette proposition n'était reçue que peu de temps avant la date d'expiration, sans que le Conseil de sécurité n'ait le temps de bien l'analyser, cela pourrait “irriter”. Dans la perspective d'être plus convaincant, Rabat a décidé de différer la présentation de son projet d'autonomie et lancé une campagne diplomatique, entamée chez Jacques Chirac par Taïeb Fassi Fihri et Mustapha Sahel, nouvel ambassadeur du Maroc à l'ONU. Ces deux derniers ont demandé au président français d'aider le Maroc à obtenir auprès de l'ONU un report de six mois à compter du 30 avril 2006. La campagne diplomatique se poursuivra auprès des autres membres permanents du Conseil de sécurité, à savoir la Grande-Bretagne, la Chine, la Russie et les Etats-Unis. Chez Mohammed VI, on se prévaut même du soutien du nouveau représentant personnel du secrétaire général de l'ONU, le Hollandais Peter Van Walsum. Pour ce dernier, l'option de l'indépendance ne devrait pas figurer dans le processus d'autodétermination puisqu'elle a été rejetée par l'une des parties et il serait plus productif d'explorer des solutions reposant sur une autonomie élargie du Sahara occidental, affirment les Marocains. Il estimerait qu'une solution reposant sur le plan Baker semble impossible et juge pertinent que l'Algérie prenne part aux négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario. K. ABDELKAMEL