Le Maroc a opéré un brusque changement de cap dans sa politique sahraouie à l'approche de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, prévue à la mi-avril, pour traiter des derniers développements du dossier du Sahara Occidental. Après une visite en grande pompe dans les territoires sahraouis, avec pour objectif d'annoncer le contenu de son projet d'autonomie, voilà le monarque marocain qui fait machine arrière en le reportant à l'automne. En effet, de hautes personnalités marocaines ont indiqué, au journal arabe paraissant à Londres Al-Quds al arabi, que Mohammed VI a décidé de différer son projet pour l'automne. Cette surprenante décision serait motivée par le désir de s'assurer un maximum de soutiens de la part de certaines parties concernées par le conflit, à l'image de l'Espagne, ou auprès des alliés occidentaux du Maroc en mesure d'influer sur la décision du Conseil de sécurité. D'autres sources avancent, cependant, que la nouvelle position de Rabat a été dictée par le constat que le contenu du projet a peu de chances de convaincre les membres de l'organe exécutif de l'ONU. Aussi, il devenait impératif pour le roi du Maroc de ne pas prendre le risque de voir cette instance adopter une résolution qui s'éloignerait des positions marocaines. En effet, une telle éventualité pourrait anéantir où du moins compliquer énormément l'objectif d'annexer le Sahara Occidental. Aujourd'hui, Mohammed VI veut d'abord faire renoncer à la communauté internationale de remettre sur la table l'hypothèse du référendum et d'accepter la solution politique négociée sur la base de l'autonomie. Pour concrétiser ses visées, le souverain chérifien se donne six mois, la période séparant la réunion du Conseil de sécurité de ce mois d'avril de la prochaine prévue en septembre, pour détailler son projet d'autonomie et le rendre plus convaincant afin que ses alliés y adhèrent. Ceci étant, les partis politiques marocains ont remis, vendredi, au roi Mohammed VI leurs propositions pour l'autonomie du Sahara occidental. Dans leurs propositions, les partis suggèrent une modification de la Constitution pour y introduire la notion d'autonomie territoriale, selon Abdallah Bekkali, un dirigeant de l'Istiqlal. Selon Mohammed El Yazghi, chef de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), principale composante du gouvernement actuel, “l'autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine est une réponse du Maroc aux appels du Conseil de sécurité de l'ONU qui demande aux parties de trouver une solution politique négociée au conflit”. Il a également ajouté que “au cas où le projet marocain d'autonomie ferait l'objet d'un accord de toutes les parties sous l'égide de l'ONU, un référendum sera nécessaire au Maroc pour entériner cet accord”. Quant aux notables sahraouis, désignés par Mohammed VI, lors de sa visite à Al Ayoune au sein du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), ils devaient remettre, hier, leur avis sur le projet d'autonomie, a indiqué le porte-parole du gouvernement Nabil Benabdellah. ll y a lieu de signaler que le parti de gauche, Annahj Addimocrati, s'est démarqué des autres partis politiques en déclinant l'invitation du palais royal à s'exprimer sur l'autonomie et réclamant une “solution pacifique” et un “référendum d'autodétermination” au Sahara Occidental. K. ABDELKAMEL