Rabat peaufine le projet de ce qu'il continue d'appeler la «large autonomie» pour les Sahraouis, qu'il compte déposer à l'ONU en avril. Plus ça va mal, plus ça va! C'est quelque part le leitmotiv de Rabat pas du tout rebutée par les revers qu'elle a connus ces derniers mois sur la question de la décolonisation du Sahara occidental. Imperturbable, le Royaume chérifien poursuit sa chimère et continue à peaufiner son projet «d'autonomie» du Sahara occidental qu'il compte déposer en avril prochain auprès du Conseil de sécurité aux fins de le faire avaliser par les Nations unies. Cette information a été donnée jeudi par le ministre marocain de la Communication, Nabil Benabdallah, à l'issue d'une réunion du gouvernement à Rabat «Le Premier ministre Driss Jettou a exposé une première mouture du projet ‘'d'autonomie ‘' pour le Sahara qui s'articule autour de trois axes: la souveraineté du Maroc, la prise en compte des particularités sociales et culturelles de la région et des critères internationaux en matière d'autonomie», a expliqué M.Benabdellah sans qu'il précise le contenu des propositions contenues dans le projet marocain afférent aux institutions de «l'autonomie». Le ministre marocain ajoute, par ailleurs, qu'avant le dépôt du dit projet à l'ONU, «une seconde phase de consultations sur le projet ‘'d'autonomie'' sera engagée auprès des partis politiques, des notables et des représentants des tribus sahraouies -ainsi qu'à l'échelle internationale- avant de présenter le projet en avril à l'ONU». Certes! Ainsi, une fois encore, une fois de plus, prenant ses lubies pour le fait du prince, le Maroc se fabrique ses propres lois dans l'espoir de contourner le droit international et les procédures de l'ONU qui donnent au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination, et fabule en posant comme condition préalable, la ‘'souveraineté'' du Royaume chérifien sur le territoire sahraoui. Or, c'est là le noeud gordien de la problématique et toute la question demeurera pendante tant que le peuple sahraoui ne se sera pas exprimé par référendum, librement et dans la transparence, sur son devenir. Le seul souverain, en l'occurrence, sur le territoire sahraoui, c'est bien entendu le peuple sahraoui et c'est à lui de dire s'il opte pour l'indépendance, ou pour son rattachement au Royaume chérifien. C'est uniquement dans le cas où les Sahraouis choisissent librement leur intégration au Maroc qu'il sera alors possible pour Rabat, et à ce moment seulement, de parler de souveraineté sur le Sahara occidental, mais à l'évidence pas avant. De fait, si Rabat met aujourd'hui en avant le fumeux projet «d'autonomie» -pourquoi ne le fait-il pas pour le Rif, pour les chaouias et d'autres provinces du Royaume?- c'est que sur le plan légal et au regard du droit international et des procédures en matière de décolonisation, comme le montre judicieusement le cas du Timor-Oriental -occupé et annexé par l'Indonésie en 1975 dans les mêmes conditions que le Sahara occidental qui fut occupé et annexé par le Maroc la même année- Rabat acculée sait qu'elle n'a aucune chance d'imposer à la communauté internationale son diktat comme l'indiquent clairement les revers qu'elle a connus tant au niveau de l'ONU que des institutions internationales spécialisées. Ces dérives exposent, en fait, la futilité des efforts du Maroc à vouloir rendre caducs, dans son cas, des lois et droits internationaux qui s'imposent à tous les Etats membres de l'ONU. En confirmant, en avril 2006, l'opportunité d'appliquer le plan Baker (envoyé spécial pour le Sahara occidental de l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan), dit «plan Baker II», le Conseil de sécurité reste attaché au processus normal de décolonisation, seul à même de donner au peuple sahraoui de s'exprimer en toute souveraineté. Or, le projet «d'autonomie» de Rabat, considère cette question de souveraineté sur le territoire sahraoui comme acquise alors qu'il n'en est rien et qu'elle demeure la pierre d'achoppement du processus en cours. Car, il s'agit ni plus ni moins que d'achever une décolonisation bâclée par l'Espagne qui céda en 1975 au Maroc un territoire ne lui appartenant pas, puisque propriété des Sahraouis. Aussi, le projet «d'autonomie» pour le Sahara occidental, outre d'être une nouvelle foucade de Rabat, veut, par ailleurs, ériger l'illégalité en règle de droit. Il serait, dès lors, étonnant que l'ONU suive le Maroc, qui s'oppose à l'application des résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, sur le chemin de ses errements. Notons enfin que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a informé le Conseil de sécurité de son intention de nommer Julian Harston, du Royaume Uni, comme représentant spécial pour le Sahara occidental et chef de la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso), a indiqué Michèle Montas, sa porte-parole, lors du point de presse qu'elle a donné, jeudi, au siège des Nations unies, à New York. Aucun des éléments ayant déterminé le choix du nouveau représentant n'a été donné par Mme Montas, ni quand la nomination de M.Harston entrera en vigueur. Diplomate de carrière, le Britannique, Julian Harston, était depuis 2004 le directeur du bureau des Nations unies à Belgrade.