À l'approche de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le conflit sahraoui, le souverain marocain multiplie les actions et les contacts dans l'espoir d'influer sur le traitement du dossier. Le Sahara occidental revient au-devant de la scène médiatique avec la visite qu'effectuera le roi du Maroc dans ces territoires, revendiqués par le Front Polisario. Il s'agit de la quatrième visite du genre depuis l'intronisation de Mohammed VI. Ce dernier semble avoir bien calculé la période de son déplacement en la faisant coïncider avec la programmation de la question dans l'agenda du Conseil de sécurité. En effet, l'organe exécutif de l'Organisation des Nations unies discutera prochainement des nouvelles dispositions à prendre pour régler définitivement ce conflit qui traîne depuis plus de trois décennies. Le souverain alaouite ne rate aucune occasion, ces dernières semaines, pour annoncer de nouvelles initiatives au sujet de l'administration du Sahara occidental. Il y a quelques jours, il avait invité toutes les formations politiques marocaines siégeant au Parlement à lui soumettre leurs propositions et suggestions sur le projet de régionalisation et d'autonomie, qu'il compte “octroyer” aux territoires sahraouis. Durant son séjour au Sahara occidental en mars 2002, où il s'était singularisé par la tenue d'une réunion extraordinaire de son Conseil des ministres à Dakhla, le roi Mohammed VI s'était rendu par la suite dans la ville d'Al-Ayoune, où il avait déclaré que “le Maroc ne renoncerait pas à un seul pouce du territoire de son Sahara, inaliénable et indivisible”. Il a également préparé les joutes onusiennes en nommant en catastrophe l'ancien ministre de l'Intérieur, Mohamed Sahel, fraîchement débarqué, pour présenter un nouveau plan qui vise à influencer les Américains. Sur un autre plan, le palais royal ne semble pas disposé à freiner les ardeurs hostiles des détracteurs de l'Algérie. Incidents et provocations aux frontières par les gardes-frontières marocains, montée au créneau de partis et associations marocaines qui “revendiquent” une partie des territoires algériens et campagne déchaînée contre l'ancien ministre de l'Intérieur, Driss Basri, accusé de rouler pour l'Algérie pour avoir révélé que le Maroc était disposé à “lâcher” le Sahara occidental en 1996 en se référant au PV d'une réunion secrète qui avait réuni des cadres du Polisario et Hassan II, qui avait fait des concessions inimaginables que le royaume a tenues secrètes depuis 10 ans. Pour rappel, le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, avait appelé durant la semaine écoulée le secrétaire général de l'ONU à interdire la visite du souverain marocain dans les territoires sahraouis, tant que ces derniers se trouvent sous “la responsabilité légale, morale et effective des Nations unies”. L'agitation du palais royal s'explique par la volonté du roi à donner un cachet particulier à son projet d'autonomie, qui sera soumis dans quelques jours au Conseil de sécurité. Dans ce cadre, la diplomatie marocaine tente d'activer tous ses relais dans l'espoir d'assurer un maximum de soutien au dossier qu'elle prépare. L'on croit savoir qu'un haut responsable américain, récemment en visite au Maroc, a recommandé aux Marocains d'apporter des éléments nouveaux, dans le projet, qui aillent dans le sens qui se dégage au sein de la communauté internationale sur une solution politique négociée du conflit ; faute de quoi ils essuieront un autre rejet. L'objectif recherché est de contourner le plan de paix onusien proposé en 2003, qui prévoyait un règlement du conflit du Sahara occidental basé sur une période d'autonomie de cinq ans qui doit être suivie d'un référendum d'autodétermination sur le statut définitif du territoire. Rabat avait rejeté ce plan ainsi que le principe du référendum, le jugeant “obsolète” et “inapplicable”, proposant en échange une large autonomie sous la souveraineté marocaine. Après deux années de tergiversations, Mohammed VI cherche maintenant à concrétiser cette idée que rejettent catégoriquement les responsables sahraouis. K. ABDELKAMEL