Moubarak fait machine arrière. Dans une interview publiée hier, le président égyptien, dont les déclarations sur la loyauté des chiites d'Irak à l'Iran avaient suscité une levée de boucliers, a assuré qu'il parlait de liens religieux et non politiques. “Mes propos sur les chiites portaient sur la loyauté et la sympathie religieuses, sans mettre en doute le patriotisme des chiites d'Irak ou de tout autre pays”, devait-il affirmer au grand journal gouvernemental cairote, Akhbar al Youm. Téhéran et Bagdad avaient dénoncé les accusations de Moubarak à la chaîne satellitaire Al Arabiya. Les autres pays du golfe arabe ont eux aussi fait montre de leur désaccord. Dans la plupart d'entre eux vivent de grandes communautés chiites que les pouvoirs en place ne souhaitent pas voir s'acoquiner avec les chiites d'Iran. L'Irak avait alors boycotté une réunion ministérielle arabe qui a discuté, la semaine dernière au Caire, de la situation dans ce pays pour protester contre les déclarations du président égyptien, qui avait également parlé de guerre civile en Irak. L'Iran a réagi avec plus de violences, réfutant à l'Egypte le droit de s'immiscer dans des affaires qui ne la concerne pas. Le mea-culpa de Moubarak intervient au moment où l'Egypte est le théâtre de heurts interconfessionnels entre musulmans et cooptes, suscitant le courroux de Washington. En dépit de cela, plusieurs milliers de chiites irakiens ont de nouveau manifesté, hier, dans la ville sainte chiite de Najaf dénonçant les déclarations du président égyptien sur la loyauté des chiites d'Irak à l'Iran. “Moubarak, traître”, a scandé la foule qui s'est rassemblée dans le centre de cette ville, appelant le président Hosni Moubarak à “enlever le drapeau israélien”, en référence à l'existence d'une ambassade israélienne au Caire. D. Bouatta