Aït Idir Mustapha serait parmi les six binationaux (algéro-bosniaques) qui auraient été relâchés. Le Pentagone a rendu publique, mercredi dernier, la liste des détenus de Guantanamo. Le document contenu dans le site Internet de la défense US a vite fait le tour du monde. C'est la première fois que les Américains communiquent sans tergiversations et rendent publique une liste exhaustive comportant le nombre et les noms des prisonniers au sein de leur base de Cuba. Parmi les 558 détenus figurent 25 Algériens. Cependant, les autorités algériennes sont restées très discrètes, en termes d'information, ou du moins en retrait par rapport aux autres pays qui ont déjà émis des demandes officielles en vue de rapatrier leurs ressortissants. En mars dernier, l'Algérie avait dépêché une délégation d'officiels (ministères de la Justice, de l'Intérieur et des Affaires étrangères) qui s'est rendue sur la base américaine pour rencontrer des détenus algériens. La première visite du genre d'ailleurs dans ce camp d'internement américain, installé par le département US à Cuba depuis la guerre d'Afghanistan. C'est dire que les évènements se sont bousculés depuis la visite de la délégation américaine qui a séjourné en Algérie en octobre 2005 et qui a eu à examiner le cas d'une trentaine de détenus. C'est aussi lors de cette visite que les Algériens ont émis le souhait de se rendre sur la base à la rencontre des détenus et ont débattu avec les Américains la possibilité d'un transfert qui devrait intervenir avant la fin de l'année en cours. Aujourd'hui, si aucun mot n'a été soufflé sur le rapatriement, des sources bien informées parlent, cependant, de six détenus relâchés qui sont binationaux (algéro-bosniaques) et parmi lesquels le dénommé Aït Idir Mustapha. Ces derniers avaient été arrêtés en Bosnie après avoir été jugés et acquittés par ce pays. Cette juridiction leur a également accordé une indemnisation financière en guise de dommages et intérêts d'une détention injustifiée de près de deux années durant. Juste après leur mise en liberté, ils ont été repris par les Américains qui les ont transférés sur la base de Guantanamo. La plupart des Algériens ont été arrêtés en Afghanistan, au Pakistan, en Bosnie et en Géorgie. Ils sont accusés d'avoir participé à une organisation terroriste. Ils ont quitté l'Algérie entre 1993 et 1999 pour être recrutés par des filières islamiques internationales. Les détenus contestent, pour leur part, les faits qui leur sont reprochés en dénonçant les conditions de détention dans ce camp dont le nom est souvent associé à celui d'Abou Gharib avec tout ce que cela suppose comme exactions commises dans cette prison en Irak. Maître Farouk Ksentini, en sa qualité de président de la Commission consultative pour la promotion des droits de l'Homme a soutenu, hier, dans une déclaration à Liberté, que l'Algérie est en devoir de réclamer ses ressortissants, si cela n'a pas encore été fait, et de s'en occuper, comme l'ont fait les autres pays, et d'en rendre compte publiquement en toute transparence. Nabila Saïdoun