Un premier groupe de 7 Algériens détenus à Guantanamo, cette île cubaine occupée par les Etats-Unis, sera rapatrié au plus tard dans trois semaines, apprend-on de source sûre. Une première étape qui pourrait, nous dit-on, aboutir dans les mois qui viennent au retour définitif des 25 Algériens en détention dans la même base, sans procès, depuis leur arrestation en 2002, par les troupes US, en Afghanistan et au Pakistan, après la chute du régime des talibans. Nos interlocuteurs estiment que les négociations autour de ce rapatriement ont buté sur les conditions imposées par l'Administration américaine, relatives à la nécessité de suivre judiciairement les anciens détenus, une fois rentrés en Algérie. Une condition, explique-t-on, qui s'oppose au principe de souveraineté des Etats et qui de ce fait a été rejetée. « L'Algérie est responsable des droits et devoirs de ses ressortissants, et de ce fait elle a engagé des négociations pour rapatrier les 25 détenus de Guantanamo, considérés par les Américains comme étant des ‘‘combattants ennemis''. » En fait, les Américains veulent s'assurer qu'une fois ces anciens détenus rentrés chez eux, ils ne représenteront plus de menace pour leurs intérêts. Une garantie qu'ils espèrent obtenir en imposant au pays d'accueil un suivi pour ne pas dire une surveillance particulière des mis en cause. De nombreux pays musulmans ont accepté le principe, mais l'Algérie le considère comme étant une atteinte à sa souveraineté. Un rejet catégorique a été signifié, mais après plusieurs contacts entre les deux parties, un accord a été trouvé. « Les Américains ont accepté de renvoyer un premier groupe de 7 détenus, de moindre dangerosité. Il reste quelques petits détails de procédures à finaliser et au plus tard dans trois semaines, ils rejoindront le pays », explique notre interlocuteur. Ce dernier estime que ces anciens détenus, une fois au pays, seront déférés devant la justice, et c'est à celle-ci de trancher sur leur sort. Le code pénal, ajoute-t-il, prévoit des dispositions contre le mercenariat ou le fait de créer (ou d'appartenir) des organisations armées à l'étranger, même si les activités de celles-ci ne sont pas dirigées contre l'Algérie. « Ces dispositions ont été introduites à la faveur de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, relatives à la lutte contre le terrorisme. Nous agissons dans la légalité et la justice est souveraine pour décider si les détenus algériens de Guantanamo sont coupables ou pas », révèle notre source. Pour celle-ci, les négociations entre l'Algérie et les Etats-Unis d'Amérique, autour de ce dossier, datent de plus de trois ans, et tout porte à croire que sa fermeture définitive est pour bientôt. Il est important de signaler que 61 Maghrébins sont détenus à Guantanamo, répartis comme suit : 12 Tunisiens, 25 Algériens (dont six Algéro-Bosniaques : Bensayah Belkacem, Hadj Boudellaâ, Saber Lahmar, Mustapha Aït Idir, Boumediène Lakhdar et Mohamed Nechal, innocentés par la Cour fédérale bosniaque des accusations relatives à l'intention de commettre des attentats contre les ambassades américaines et britanniques), 10 Marocains, 10 Libyens et 3 Mauritaniens. Toutes les ONG des droits de l'homme ont dénoncé les conditions de détention dans cette base qui abrite actuellement 588 detenus arrêtés dans plusieurs pays, mais particulièrement en Afghanistan et au Pakistan. Ils sont considérés comme des « combattants ennemis ». Vers la fin de 2001, la prison comptait environ 750 prisonniers originaires d'une vingtaine de pays. De 2001 à 2004, plus de 200 prisonniers ont été relâchés, sans qu'aucune explication sur la raison de leur libération ne soit révélée, une grande partie est jugée par son pays d'origine. Au 12 mars 2005, 527 personnes y étaient emprisonnées, parmi elles 60 mineurs.