Le cercueil, couvert de l'emblème national, était porté par des manifestants qui ont improvisé une courte marche. Il était blessé par une balle réelle, tirée à bout portant par un policier, au niveau de la tête, un certain 4 novembre 2002, reçue lors d'affrontements qui n'avaient pas cessé au lendemain des élections locales du 10 octobre dernier à Seddouk (Béjaïa). Cette balle qui est ressortie de la tête après lui avoir fracturé le crâne, causant un traumatisme cérébral, a fini par lui coûter la vie après 104 jours d'hospitalisation au CHU Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou. 104 jours durant lesquels il avait souffert en résistant à la mort, et pendant lesquels il était sous respiration artificielle. Après les premiers jours de coma, il se réveille mais ce n'est que deux semaines de cela qu'il a pu respirer de manière autonome pendant quatre jours sans appareil. Sa santé était en nette amélioration, et c'est aujourd'hui au plus tard qu'il devait être transféré dans un hôpital français après que ses parents eurent bataillé pour arracher une prise en charge. Ses pauvres parents qui faisaient la navette quotidiennement Béjaïa-Tizi Ouzou ont fini par s'installer carrément près de leur fils chéri, Sadek Aït Mansour, qui n'avait que 21 printemps. C'est justement entre ses bras que Dda Ali a vu son fils mourir, après avoir subi un arrêt cardiaque, alors que rien ne le présageait. Les médecins affirment que cela pouvait arriver à tout moment, mais tous ceux qui ont pu rencontrer le jeune blessé, pendant la semaine précédant sa mort, ont été surpris voire choqués par la nouvelle. Le jeune Sadek arrivait à bouger même ses jambes, à retrouver ses réflexes et à se souvenir des moindres détails. Sadek Aït Mansour a résisté, mais avant-hier, au bout de 104 jours de combat contre la mort, peu avant 19 heures, il a préféré quitter ce monde, ironie du sort, à la veille de son transfert pour des soins poussés à l'étranger. Lesquels soins lui auraient sans doute été salutaires. A rappeler que le défunt a été déjà blessé en recevant une balle passée à 2 cm de son cœur. Hier, le sit-in que la CADC avait prévu devant le tribunal de Tizi Ouzou pour la libération des détenus, a été annulé. Tous les délégués, en compagnie de parents de martyrs du Printemps noir, se sont spontanément retrouvés devant la morgue de l'hôpital de Tizi Ouzou. L'abattement et la consternation se lisaient sur tous les visages. Après les grosses tracasseries de la paperasse habituelle, la dépouille a été transportée dans une ambulance, sur laquelle deux emblèmes étaient accrochés : un noir et un drapeau national. Le cercueil, couvert de l'emblème national, était porté par des manifestants qui ont improvisé une courte marche au cours de laquelle les slogans “pouvoir assassin”, “ulac smah ulac” ainsi que des youyous fusaient de la foule. Après une minute de silence observée au rond-point près de l'ex-brigade de gendarmerie, le cercueil sera installé dans l'ambulance avant que le cortège funèbre ne démarre en direction de Seddouk, région du défunt qui allonge la liste des martyrs du Printemps noir à 123. L'enterrement est prévu aujourd'hui dans cette localité. Après presque deux ans des événements sanglants, la Kabylie est encore en deuil. Jusqu'à quand ? K. S.