Les agences de voyages risquent de ne plus assurer la vente des billets. Et pour cause, la compagnie aérienne Air Algérie vient de revoir à la baisse la commission accordée aux agences de voyages pour la vente de la billets. Ainsi, dès cette deuxième quinzaine du mois d'avril, la commission octroyée sur les lignes internationales est passée de 7% à 5%, et celle des lignes domestiques de 5 à 3%. Cette révision à la baisse intervient quelques semaines après une majoration de 10% des tarifs des lignes intérieures et de 3 000 dinars sur l'international pour répercuter la flambée des cours des hydrocarbures. Ainsi plus précisément, sur un billet Alger-Ghardaïa, une agence de voyages titulaire de licence Iata perçoit une commission de 100 dinars à laquelle elle doit enlever la TVA et la TAP, soit un cumul de 19%. Pour plusieurs voyagistes installés à l'intérieur du pays et loin des grandes rues commerçantes, cette mesure rend la vente de billets non rentable. Une situation qui risque de priver les usagers de cette prestation et les professionnels d'importantes rentrées fixes dirigées pour l'amortissement des charges fixes. Selon une source au fait des dossiers de la navigation aérienne, “plusieurs compagnies leaders sur le marché mondial ont recouru, dans un passé récent, à la baisse dans les commissions. Toutefois, ce sont des décisions réfléchies et étudiées. En effet, actuellement, plus de 45 millions de touristes achètent leurs voyages, libres et en package, via Internet. Il en découle que le poste vente billetterie au front desk a diminué contre celui de la vente électronique, ce qui est moins coûteux pour les voyagistes, tours operators et les compagnies aériennes. Or, en Algérie, le paiement électronique n'est toujours pas possible et, pour Air Algérie, le client peut réserver son billet à partir de son site Internet uniquement pour... 2006 !” Pour rappel, récemment une association de voyagistes très présente à l'ouest du pays a dénoncé l'incohérence de la politique commerciale d'Air Algérie quant à la gestion de la campagne Omra. Selon un voyagiste installé dans l'Oranie, si les autorités consulaires saoudiennes, faute d'interlocuteurs fiables côté algérien, sont pour quelque chose dans les déboires de nos candidats au petit pèlerinage, la manière avec laquelle sont affectés les “blocs sièges” aux agences de voyages est sujette à discussion, et c'est un problème interne à Air Algérie qui nuit à la corporation touristique et à l'image du pays. Un autre voyagiste de l'est du pays voit dans le ministère du Tourisme le grand absent dans ce débat, “pourtant le petit pèlerinage est avant tout un produit touristique ; on ne peut admettre le développement du tourisme sans des agences de voyages évoluant dans un environnement sain”. Un autre professionnel, dont l'agence est tournée vers le réceptif, s'indigne : “Dans les conditionnalités d'Air Algérie, on trouve des réductions conséquentes pour artistes et sportifs à partir de 10 personnes, mais pas pour des touristes qui passent par les agences de voyages.” Mourad KEZZAR