Plus d'une année après la date butoir du 30 juin 2008, pour sa théorique généralisation, le billet d'avion électronique n'arrive toujours pas à détrôner le billet en papier dans la région est du pays, en particulier, et en Algérie, en général. Si Aigle Azur, Air France et Qatar Airways pour ne citer que quelques compagnies, sont arrivées à dématérialiser l'émission de leurs billets, ce n'est pas le cas chez Air Algérie dont le billet rouge et blanc continue, encore, de circuler. Autrement dit, les choses traînent au niveau d'Air Algérie. Quand on sait que près de 70% des transactions se font autour du billet du pavillon national, on mesure l'ampleur du retard. Aujourd'hui, à l'est du pays, si toutes les agences de voyages d'Air Algérie émettent des billets électroniques, ce n'est pas le cas des agences de voyages privées, qui brassent plus de 90% de la commercialisation du billet d'avion. Ces dernières continuent à émettre le billet de la compagnie publique en papier. La situation est plus complexe qu'on ne le croit. À court terme, il est impensable pour les compagnies aériennes, les agents de voyages et les usagers des avions et de bateaux de la région est du pays et même de tout le pays de bénéficier des avantages que devrait procurer le passage au e-ticket. En effet, ce passage au titre de voyage virtuel s'avère, lui-même,…virtuel ! La dématérialisation du billet d'avion devrait permettre, d'une part, aux compagnies aériennes et agences de voyages et, d'autre part, aux clients de réaliser des gains substantiels. Pour les compagnies et agences, le billet électronique, diminue la facture de la fabrication du billet en papier, limite le passage des clients dans les bureaux d'où des gains en effectif affecté aux front-offices. Quand on connaît les problèmes du secteur du transport aérien, on mesure l'importance de tels gains en coûts et, partant, en compétitivité. Les clients sont plus obligés de se déplacer dans les bureaux de leurs agents de voyages pour consulter, réserver et retirer le billet. Il leur suffit de se présenter à l'embarquement munis de leurs pièces d'identité et du numéro de leurs dossiers de réservation confirmée par internet. Qui plus est, le billet d'avion immatérialisé ne peut plus être volé ou perdu. Fini alors, les désagréments, y compris financiers, causés par la perte du billet en papier ! Ainsi, l'on assiste à la levée d'une importante contrainte que rencontraient, souvent, les clients. Malheureusement, en Algérie, passer au e-ticket se résume, pour le moment, à la seule émission immatérielle du billet d'avion. Le reste ne suit pas, privant compagnies aériennes, agences de voyages et clients des avantages du commerce électronique. Le billet est toujours retiré dans une agence et pour la revalidation de la nouvelle date de départ ou de retour, le passage devant le front-office s'impose. Ces contraintes ne seront pas levées tant que la modernisation du paysage économique et financier algérien accuse des retards inacceptables. Enfin, pour le transport maritime des voyageurs, le billet électronique se limite, chez l'Enmtv, à sa plus simple expression. Si la compagnie a généralisé l'usage du e-ticket, avant même Air Algérie ou même Aigle Azur et Air France, c'est par ce qu'elle n'a fait que remplacer l'ancien papier d'une meilleure qualité par un autre de qualité moindre, soit une simple feuille de papier A4, comme on dit. Même munis du numéro de leurs dossiers et pièces d'identité, les passagers de l'Enmtv ne sont pas embarqués s'ils ne disposent pas d'un billet, nouvelle formule, sur lequel est apposé le cachet d'une agence de voyages. Cette obligation, appliquée, est mentionnée même sur le papier, appelé à tort billet électronique. Génial comme astuce pour dire qu'on a atteint des objectifs alors que tout est bâclé ! Ainsi, le secteur du transport aérien est victime dans son développement, entre autres, des retards enregistrés par l'Algérie dans la modernisation de son économie. Mourad KEZZAR