La réduction des tarifs des billets d'avion à partir de la France à destination de l'Algérie, c'est un peu comme le Yeti. Tout le monde en parle, personne ne l'a vu. Durant la campagne électorale pour la présidentielle d'avril 2009, le président candidat s'était engagé à réduire les tarifs des billets pour les ressortissants algériens voyageant à bord de la compagnie Air Algérie. Près d'un mois après la réélection de Bouteflika, cette promesse électorale connaît-elle un début de commencement ? Rendez-vous dans une agence de voyages Al Djazaïr dans le quartier de Barbès, l'une des plus fortes concentrations d'Algériens dans la capitale française. Mohamed, 21 ans, salarié intérimaire dans la région parisienne, a déjà acheté son billet pour aller passer des vacances en été dans la région de Annaba. Coût du billet : 550 euros. Chaque année, précise-t-il, c'est le même rituel. Sa famille constituée de 5 personnes doit débourser pas moins de 2500 euros pour prétendre au voyage annuel au bled. Alors la promesse de Bouteflika ? « C'est du vent, dit Mohamed. Avant le vote, ils promettent mille et une choses, mais une fois élus, ils nous oublient. Je ne crois pas à cette promesse. » L'engagement électoral du président, Khedidja n'en a même pas entendu parler. Assistante sociale, installée à Paris, elle se rend une fois par an à Oran pour voir ses proches. Aujourd'hui, elle a payé son billet 353 euros, profitant de la promotion mise en service par la compagnie nationale. « Une réduction des tarifs est la bienvenue, s'exclame Khedidja. C'est une excellente initiative. Ainsi on pourra voyager plus souvent en Algérie et profiter davantage de notre pays et de nos proches. » Bien sûr, au sein de la communauté algérienne dans l'Hexagone, forte de quelque 700 000 personnes, on commente cette promesse du chef de l'Etat avec un mélange de doute et d'impatience. Bons de réduction C'est que le coût du voyage à destination d'Algérie revient relativement cher, a fortiori pour les familles nombreuses. Si au cours de l'année, Air Algérie, ainsi que les deux autres compagnies qui desservent le pays, Aigle Azur et Air France, proposent des tarifs promotionnels très attractifs, il n'en est pas de même pour la saison estivale, période durant laquelle on assiste au rush des voyages. Idir, 40 ans, agent de sécurité, veut bien croire à la promesse du président, lui qui n'a pas foulé le sol algérien depuis 4 ans pour cause de cherté du billet. « On a entendu parler, mais pour l'heure personne n'en a bénéficié », avance-t-il. « Les émigrés en parlent, mais aucun n'est en mesure de nous fournir la moindre explication ou renseignement. » Mohamed, responsable des ventes Maghreb à l'agence Al Djazaïr, croit connaître le fin mot de cette promesse présidentielle. Selon lui, cet engagement devrait se concrétiser à travers une loi qui sera adoptée par l'Assemblée nationale. En vertu de ce texte législatif, les familles démunies, les salariés à faibles revenus (moins de 1200 euros par an) ainsi que les personnes âgées de plus de 60 ans pourraient présenter un dossier auprès des consulats d'Algérie en France dans l'espoir de bénéficier d'une aide de l'Etat. Celle-ci pourrait prendre la forme de bons de réduction à faire valoir dans les succursales d'Air Algérie et dans les agences de voyages agréées. « Il ne saurait y avoir de baisse substantielle généralisée des billets en direction de l'Algérie de la part d'Air Algérie », explique Mohamed. « Aucune compagnie n'accepterait ce qui s'apparenterait à une concurrence déloyale. En fait, cette réduction que tout le monde évoque ici et là serait une aide de l'Etat via ses représentations consulaires. » En attendant que celle-ci se concrétise, on peut toujours méditer l'adage populaire : les promesses n'engagent que ceux qui les croient.