“Pour ne pas oublier”, le Syndicat national des journalistes a organisé hier, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse, une exposition des portraits des membres de la corporation assassinés durant la décennie 90, en hommage aux victimes du terrorisme islamiste qui a ravi aux siens plus d'une centaine de journalistes et assimilés. L'ambiance était donc hier au recueillement et au souvenir de ces visages qui, dans les moments les plus terribles de la décennie rouge, étaient restés en Algérie bravant toutes les menaces pour continuer à exercer le métier de toutes les misères. Journalistes, éditeurs, amis de la presse, dont, entre autres, des personnalités politiques et des représentants du mouvement citoyen de Kabylie, étaient là pour marquer cet événement symbolique pour la corporation. À cet effet, des membres du bureau national du SNJ, à leur tête le secrétaire général par intérim Kamel Amarni, ont déposé une gerbe de fleurs à la Maison de la presse, alors que le Comité pour la libération de Benchicou a programmé la projection d'un film portant sur la vie et le combat de l'ancien directeur du Matin, Mohamed Benchicou. La célébration du 3 Mai, cette année, a été marquée par les mesures de grâce décidées par le président de la république en faveur des journalistes condamnés définitivement. Si la presse a accueilli de façon mitigée cette annonce, le SNJ, par la voix de son SG par intérim, estime qu'il s'agit là d'“un non-événement”, car “officiellement il n'y a qu'un seul journaliste définitivement condamné et qui purge sa peine, Benchicou en l'occurrence. Et ce dernier est toujours en prison”. Kamel Amarni considère, en effet, que “le Président aurait pu faire un geste fort en direction de la presse en décidant de l'extinction des poursuites judiciaires à l'encontre des journalistes et en prononçant une grâce au profit de Benchicou, puisque pour les autres journalistes condamnés pour outrage et autres délits de presse tous ont fait appel. Et par conséquent, ils ne sont pas touchés par ces mesures”. Au-delà de cette déception apparente sur les visages des présents hier à la Maison de la presse, le SNJ espère remobiliser les troupes d'une corporation dispersée afin d'aller vers des conquêtes socioprofessionnelles tant attendues. Conventions collectives, statut du journaliste, couverture sociale, salaires, carte de presse, formation,… ce sont autant de dossiers qui restent en suspens et qui prennent en otages les membres d'une corporation où les difficultés se font de plus en plus nombreuses. La situation des correspondants de presse locaux est l'un des volets que le syndicat des journalistes compte ouvrir très prochainement en organisant une rencontre nationale traitant de ce dossier. Le séminaire devrait se dérouler à Tipasa en collaboration avec la Fondation Adenauer. Il est vrai qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire, car la situation des journalistes dans les régions du pays ne cesse de se dégrader, alors qu'en face aucune mesure en leur faveur ne vient améliorer un tant soit peu leurs conditions de travail et situation socioprofessionnelle. H. Saïdani