Le flanc sud algérien est devenu porteur de tels dangers qu'un dialogue et une coordination régulière avec ces états, aux équilibres ethniques et politiques fragiles, n'est pas un luxe ou une corvée diplomatique. À trop regarder vers le Nord, à cause du terrorisme, Alger a négligé les fluctuations régionales dans lesquelles s'immiscent des puissances occidentales. Le colonel mauritanien Ely Ould Mohamed Vall qui pour certains restera un militaire qui aura réussi le putsch le plus tranquille du Sahel, arrive à Alger dans les habits d'un président reconnu. En l'espace d'une année, il aura réussi également à faire oublier le controversé prédécesseur, Ould Taya, qui n'était plus en odeur de sainteté auprès du président Bouteflika. Après la tournée algérienne du ministre nigérien de l'Intérieur, suivie des accords frontaliers entre l'Algérie et le Mali, voilà qu'un troisième candidat à la coopération algéro-sahélienne débarque à Alger dans un contexte agité par les provocations du Libyen Al-Kadhafi. Après qu'Ahmed Ouyahia, fin connaisseur du dossier sahélien, eut signé des accords historiques avec la Mauritanie, un mois auparavant, la rencontre Bouteflika-Vall va, certainement, sceller une alliance qui va mettre un terme à 5 années de relations tièdes avec la Mauritanie. Diplomates et militaires algériens se sont finalement rendu compte que la coopération interrégionale avec les pays du Sahel limitrophes à l'Algérie peut apporter davantage de sécurité aux frontières que n'importe quelle autre initiative multilatérale. Alors que la Libye n'en finit pas d'agiter l'épouvantail tribal dans le Sud algérien et le nord du Niger, du Mali et le Nord-Est mauritanien, l'Algérie tente de contrecarrer les menaces qui enflent derrière les dunes subsahariennes. Le GSPC, avec ses ramifications sahéliennes, l'odeur du pétrole dans des contrées aux populations paupérisées et affamées, la montée en puissance de la présence américaine dans la région et la circulation incroyable des armes à poing sont autant de dossiers qui font peser de sérieuses craintes sur les gouvernements de la région. Le flanc sud algérien est devenu porteur de tels dangers qu'un dialogue et une coordination régulière avec ces états, aux équilibres ethniques et politiques fragiles, n'est pas un luxe ou une corvée diplomatique. À trop regarder vers le Nord, à cause du terrorisme, Alger a négligé les fluctuations régionales dans lesquelles s'immiscent des puissances occidentales. Le président Bouteflika sait qu'il doit reprendre la main et imposer la vision algérienne à l'heure où le dossier du Sahara occidental n'est pas réglé. La Mauritanie qui, historiquement, a toujours fait partie des convoitises régionales marocaines, veut s'émanciper, sous le règne de Vall, du cordon naturel qui la lie à Rabat. Le président mauritanien présente, à cet effet, la particularité d'être un militaire qui avait dit son admiration pour le combat conjugué des Algériens pour sécuriser leurs territoires tout en bâtissant un système politique démocratique. Exactement ce qu'il tente de faire à Nouakchott. M. B.