Pour d'autres historiens, l'ampleur du génocide était beaucoup plus importante. La barbarie coloniale aurait fait 75 000 victimes. Soixante-et-un ans après, les massacres du 8 Mai 1945 n'ont pas encore livré tous leurs secrets. Les responsabilités, même s'il est établi que c'est le fait colonial, ne sont pas situées avec exactitude. Le nombre de victimes aussi. Il varie d'une source à une autre. La conférence, qui s'est déroulée, hier, à l'Institut d'histoire de Béni Messous, en présence de plusieurs témoins de cette époque, à savoir Sid-Ali Abdelhamid, ancien membre du Comité central du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), Saci Benhamla, un des acteurs des évènements du 8 Mai 1945, qui se trouvait à Guelma lors du génocide, Amar Bentoumi, ancien militant du Parti du peuple algérien (PPA) et avocat du FLN, n'a pas dit plus que ce qui a été raconté jusqu'à ce jour. Polémique autour du nombre de victimes. Sid-Ali Abdelhamid indiquera que le chiffre de 3 500 morts a été avancé par les autorités coloniales pour minimiser l'ampleur des massacres qu'elle a commis contre les Algériens. Mais, le nombre de 45 000 victimes, reflète-t-il, lui aussi, la vérité sur les tueries de Sétif, Guelma et Kherrata ? Pour certains historiens, le génocide était beaucoup plus important. Ils vont au-delà des statistiques admises jusqu'à ce jour. La barbarie coloniale a fait, selon eux, 75 000 morts. Devant l'embargo qu'observe la France sur les archives coloniales, il ne reste alors que la spéculation et les témoignages de certains acteurs du mouvement national. Ceci dit, le chiffre de 45 000 morts est le plus proche de la réalité. Il a été avancé en 1946 par l'envoyé américain à Alger. L'autre question, qui continue à faire l'objet d'une perpétuelle polémique, est celle qui consiste à savoir qui a donné l'ordre pour que les Algériens sortent pour manifester pacifiquement ? Les conférenciers sont catégoriques : ce sont les instructions du PPA. À propos de la possibilité de saisir la juridiction internationale au sujet de ce crime contre l'humanité, on apprend lors de ce débat organisé à l'Institut d'histoire de Béni Messous que des initiatives ont été prises dans ce sens, mais peinent à aboutir. S. R.