Outre le traité d'amitié et de coopération qui sera ratifié aujourd'hui au Palais d'El-Mouradia, Ankara n'exclut pas l'éventualité de supprimer les autorisations d'entrée sur son territoire aux ressortissants algériens. Outre le traité d'amitié et de coopération qui sera ratifié aujourd'hui au Palais d'El-Mouradia sous la direction du président Abdelaziz Bouteflika et du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, 9 protocoles d'accord vont sceller le rapprochement algéro-turc. Certains de ces accords feront l'objet de ratification au cours de la visite de M. Erdogan à Alger. Les autres, en voie de finalisation, devront sanctionner prochainement les séjours de membres de son gouvernement, dont les ministres de l'Agriculture et de la Culture. Entre autres pactes portant sur la pêche, la recherche scientifique, la météorologie…, un de nature consulaire qui prévoit la facilitation des formalités d'obtention des visas pour les ressortissants des deux pays. L'ambassadeur de Turquie, Ercmend Ahmet Enç, qui rapportait, hier, cette information au cours du périple de M. Erdogan dans le vieil Alger n'exclut pas la suppression totale des fameuses autorisations d'entrée dans l'avenir. “Il peut en être question”, a-t-il laissé suggérer très optimiste. D'ailleurs, le diplomate a bien fait de remarquer que la proposition d'alléger les conditions d'obtention des visas émane de son pays. “Nous l'avons envisagé et l'Algérie l'a accepté”, a-t-il expliqué. La vitesse avec laquelle progressent les relations algéro-turques justifie cette démarche. Le volume des échanges économiques, surtout à travers l'installation d'entreprises turques chez nous ainsi que l'afflux de nos compatriotes dans l'ancien empire ottoman (plus de 40 000 par an) en touristes et en trabendistes, en sont les meilleurs indices. “Nos relations n'ont pas de plafond”, s'enthousiasmait M. Ercmend, avant-hier, quelques heures avant l'arrivée de son Premier ministre. Hier, en fin d'après-midi, il prenait part à un forum d'hommes d'affaires algéro-turcs à la résidence Djenane El-Mithaq, présidé par M. Erdogan et notre ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar. “Notre objectif est d'attirer les investisseurs”, confessait, hier, ce dernier dans les dédales de La Casbah, alors qu'il était sur les pas du Premier ministre turc. M. Erdogan a entamé sa visite au Palais du Dey, sur les hauteurs de Bab Edjedid. Il est arrivé accompagné de son épouse, de ministres et d'une foule de gardes du corps qui ont brillé par leur zèle, en empêchant les journalistes et des officiels algériens comme la ministre déléguée à la Recherche scientifique, Souad Bendjeballah (qui a été désignée par la présidence de la République comme hôtesse de la première dame de Turquie) de s'approcher du Premier ministre. Même Khalida Toumi, ministre de la Culture, est restée en retrait des visiteurs de marque, laissant le soin à l'un de ses collaborateurs de les guider dans les entrailles du kasr séculaire. Le Palais du Dey, en cours de restauration, ressemble plus à un vestige. L'Etat turc a d'ailleurs proposé son aide financière pour mener à bien les travaux de reconstitution. Aussitôt après avoir quitté l'illustre palais, rendu célèbre par le fameux incident de l'éventail, M. Erdogan a arpenté les venelles d'une partie de La Casbah, liftée et lavée en perspective de son passage. La mosquée de Ketchaoua, vidée de ses prieurs, a été la dernière étape de son pèlerinage sur les traces de ses ancêtres. Dans la matinée, il s'est rendu à Maqam Echahid ainsi qu'au musée d'El-Moudjahid où un exposé lui a été fait sur la lutte contre la colonisation française. M. Erdogan doit regagner Ankara aujourd'hui en fin d'après-midi après le déjeuner qui sera offert en son honneur par le chef de l'Etat au Palais du peuple. Auparavant, il aura des entretiens avec les deux présidents du Parlement. SAMIA LOKMANE