Les membres de la Coordination des villages et quartiers de la commune de Tizi Ouzou ont organisé, hier, un meeting populaire à la cité du 20-Août, plus connue en tant que cité CNEP, dont les mots d'ordre étaient : “La libération immédiate et inconditionnelle de Bélaïd Abrika et de ses codétenus”, “le jugement des assassins des martyrs du Printemps noir”, “la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur”. Contrairement à toutes les autres manifestations, le meeting d'hier n'a pas été réprimé, au grand soulagement des nombreux citoyens qui ont tenu à assister à la rencontre. Une exposition était installée par les délégués du quartier CNEP dès la matinée et l'on pouvait voir l'emblème national et les portraits de Mohamed Boudiaf et de Lounès Matoub. Des délégués de la Coordination communale et de la CADC ont, à tour de rôle, pris la parole pour dénoncer le pouvoir en place et exiger la libération des détenus du mouvement citoyen et la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur. Nordine Medrouk, délégué de Béni Douala, est intervenu le premier pour dénoncer la répression menée contre les délégués de l'Interwilayas la veille à Alger. Il a décrit les conditions de son arrestation, après avoir été remis en liberté, hier, vers 4heures du matin et passé une nuit blanche au commissariat de Télemly avec une centaine d'autres délégués. “Arrivé chez moi, je trouve une convocation du tribunal de Tizi Ouzou pour comparaître le 31 mars pour attroupement”, s'est étonné et indigné le délégué de Béni Douala. Il contredira ce qui a été dit concernant Bouteflika à Bab El-Oued en affirmant qu'il a été chahuté par les citoyens qui ont même scandé : “Kabylie chouhada”. “Certains m'ont signifié que je ne devais plus remettre les pieds à Alger. Je leur réponds : je me rendrai à Alger à chaque fois que c'est nécessaire, à chaque fois qu'il y a manifestation pour protester contre ce régime dictatorial”. Ali Aouanèche, délégué d'Ath Zmenzer, interviendra après Nordine Medrouk pour insister sur la nécessité de poursuivre le combat jusqu'au bout. “Au nom des archs, nous disons que nous ne pardonnerons jamais le sang des 123 victimes du Printemps noir, sauf si le pouvoir peut les ressusciter !” Un délégué d'Ath Yenni a rappelé le grandiose hommage rendu par le comité citoyen de sa région à Mouloud Mammeri, vendredi dernier, lors de la commémoration du 24e anniversaire de sa mort tragique. Les délégués de l'Interwilayas avaient animé un meeting à Taourirt Mimoune, village de l'éminent écrivain et anthropologue, à Ath Yenni qui, par la même occasion, ont inauguré une fresque de Abane Ramdane et de Mouloud Mammeri, au même endroit. Dda Boussad, ancien maquisard et vieux militant du FFS, a, lui aussi, été appréhendé par les services de la police avant-hier, à Alger. Dans sa prise de parole au meeting d'hier, il s'attaquera au pouvoir et au FFS. “Nous ne sommes pas dans un Etat de droit”, dira-t-il. “Nous sommes dans un pays où des détenus en grève de la faim sont tabassés dans leur sommeil jusqu'à vomir du sang, où des avocats sont agressés dans l'enceinte même d'un tribunal, où 123 meilleurs jeunes de la Kabylie sont assassinés dans une totale impunité !”. Ahmed Aguini, délégué de la commune de Tizi Ouzou, s'étalera longuement sur la crise dans laquelle le pouvoir a plongé, depuis plus de 40 années, le peuple algérien. “Ce n'est que par le peuple que peut venir le changement”, déclarera-t-il à la foule avant de saluer l'Union de la Kabylie, qui est un véritable événement historique et dire que le pouvoir persiste dans l'impunité : “Le rapport Issad a été mis de côté car contenant des vérités”. K. S.