RESUME : Nawel traîne sa tristesse là où elle va. Sa famille lui manque. Hamid lui propose de leur rendre visite. Elle se rend donc chez ses parents pour une semaine. Sa mère lui a déconseillé le voyage, vu l'état avancé de sa grossesse, mais celle-ci y va quand même. Lorsque Nawel se plaint de douleurs, sa maman prie pour que cela soit une fausse alerte… Keltoum accable sa fille de reproches. - Tu n'aurais pas dû venir ! Au septième mois, on évite au maximum de voyager. Voilà où cela te mène. À la maternité. - Ce n'est rien maman, répond Nawel. Je vais seulement accoucher au septième mois. - Pense à tout ce que cet accouchement, ici, va provoquer comme problèmes, crie Keltoum. Ta belle-famille va en profiter pour insinuer que tu étais au courant que le bébé allait bientôt naître et que tu voulais accoucher ici. - Et alors ? Quel mal y a-t-il ? Tout ce qui comptait pour moi est de passer un peu de temps avec vous, réplique Nawel. Je me fous de ce qu'ils vont penser et dire. - C'est de l'inconscience, rétorque Keltoum. Tu aurais dû m'écouter. Mais Nawel n'en a plus le temps. Elle a une contraction qui lui coupe le souffle. La sage-femme, qui lui avait recommandé de marcher dans le couloir, vient l'emmener dans la salle de travail. - Maman, papa, priez pour moi ! - Tout se passera bien, lui affirme Keltoum. Cette dernière ne reste pas à la maternité, elle demande à son mari, Saïd, de la ramener à la maison. Elle prépare des affaires pour sa fille et pour le bébé. Saïd décide d'appeler son gendre pour le mettre au courant mais elle refuse. - Plus tard, lui dit-elle. - Pourquoi ? - On a tout le temps pour lui apprendre la nouvelle. Je ne veux pas que sa famille le sache tout de suite, insiste Keltoum. Elle se fera une joie de lui jouer un autre coup bas. - Bien. C'est comme tu veux. Avant de repartir pour la maternité, elle lui prépare une infusion. Le thermo à café rempli du breuvage, elle prend le cabas et rejoint son mari à la voiture. Il démarre vite. - J'espère que tout se passe bien, pour elle, dit Keltoum. Elle a trop souffert. Les parents sont bien déçus quand ils arrivent à la maternité. À l'entrée, une infirmière leur apprendra que Nawel avait eu des complications et qu'à l'instant où elle leur parle, leur fille est au bloc opératoire pour subir une opération. - Ils vont lui faire une césarienne ! La pauvre petite, elle n'a vraiment pas de chance. Le temps leur paraît long. Saïd propose à Keltoum de rentrer à la maison mais elle refuse. - Je veux être là quand elle amènera le bébé, dit-elle. Je ne veux pas qu'il se sente seul dès sa naissance. Saïd veut bien patienter et ils sont tous deux récompensés. L'infirmière est venue les trouver pour les mener à la nursery où une autre collègue avait pris le soin de faire la toilette au bébé. Tous le trouvent adorable. - Félicitations, c'est un beau garçon. Il pèse trois kilos et mesure quarante centimètres. Vous pouvez le prendre dans vos bras, dit l'infirmière à Keltoum. - Il est adorable. Quand le bébé ébauche un sourire sur son visage, Keltoum ne peut s'empêcher de le serrer contre son cœur et d'avoir quelques larmes. Des larmes de joie mais aussi de peine, pour sa fille et pour lui. (À suivre) A. K. [email protected]