Le caractère que prend le 8 mars, la célébration de la Journée internationale de la femme, ne devrait pas nous faire oublier les femmes victimes de violences. Ces femmes souffrent en silence. Afin que leurs cris de douleur ne soient pas couverts par les décibels assénés par les instruments des orchestres de musique réquisitionnés par l'occasion, nous avons voulu faire entendre la voix de Nawel, une jeune femme âgée de 26 ans. Elle est mariée et mère d'un enfant de 3 ans. Elle est victime de violences conjugales. Selon ses propos, son mari, âgé de 37 ans, préfère la voir souffrir plutôt que divorcer. Les larmes aux yeux, Nawel raconte son histoire. Elle s'est mariée en 2004. Au tout début de son mariage, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Le mari gagnait bien sa vie. Subitement, et sans raison apparente, le comportement de son mari à son égard change, il est devenu violent, il l'insulte et la frappe à tort ou à raison. Plainte contre son époux En dépit de ce qu'elle subissait comme mauvais traitements, Nawel ne dira rien à ses parents. « J'ai reçu des coups et blessures. Même durant la période de ma grossesse je n'ai pas été épargnée. Je me suis faite établir plusieurs certificats médicaux », nous confie Nawel alors que les larmes ruisselaient sur ses joues. Contrairement à bon nombre de femmes qui se résignent sous l'effet de sentiments de culpabilité, Nawel a eu le courage de déposer plainte contre son époux et de demander le divorce. L'affaire est actuellement entre les mains de la justice. C'est au siège d'une association, qui s'occupe de l'enfance et où elle était venue chercher de l'aide, que nous avons rencontré Nawel. Ecoutons-la : « J'ai fais des études secondaires. J'ai travaillé un certain temps. Maintenant, je ne dispose d'aucun revenu. Je veux travailler pour subvenir aux besoins de mon enfant. Je vis, pour l'instant, chez mes parents. Le père de l'enfant ne m'est d'aucun secours. » Nawel n'est malheureusement qu'un cas parmi tant d'autres. Elles sont nombreuses ces femmes victimes de violences conjugales. Les statistiques fournies à ce sujet par les services de la Sûreté de la wilaya d'Oran indiquent qu'en 2006, il a été recensé 449 plaintes déposées par des femmes pour coups et blessures volontaires, violences sexuelles, mauvais traitements et homicides. Ces chiffres, même s'ils sont loin de refléter la réalité vécue par les femmes opprimées, n'en sont pas moins significatifs dans la mesure où ils mettent en relief la gravité du phénomène. Selon le même bilan, l'âge des femmes les plus touchées par les violences se situe entre 19 et 24 ans. En plus des agressions physiques dont elles font l'objet à l'intérieur du foyer, les femmes sont les plus visées par les agressions à l'extérieur. Les statistiques ont mis en exergue 263 cas d'agressions contre les femmes dans leur lieu de travail et dans la rue.