L'organisme relève l'amélioration constante du taux de croissance depuis 2001. “Grâce à une conjoncture pétrolière très avantageuse, l'Algérie connaît aujourd'hui une situation économique extrêmement favorable tant sur le plan interne qu'externe, malgré la persistance de fragilités structurelles”, note la mission économique de l'ambassade de France à Alger dans une fiche de synthèse, “Algérie : la nouvelle donne économique”, publiée le 15 octobre dernier. Sur le plan des indicateurs internes, le document relève l'amélioration constante du taux de croissance de l'Algérie ces dernières années, passant de 2,1% en 2001 à 5,3% en 2005, avec un pic de 6,8% en 2003. “Malgré la présence de surliquidités liée en grande partie à l'abondance de ressources pétrolières, l'inflation est maîtrisée grâce au strict contrôle exercé par la Banque d'Algérie. Celle-ci procède à des reprises de liquidités régulières via les réserves obligatoires des banques et des appels d'offres hebdomadaires auprès des établissements financiers”, constate la mission économique de l'ambassade de France. Le Fonds de régulation des recettes, rappelle le document, instauré en 2000 permet, quant à lui, la “neutralisation” d'une partie des recettes pétrolières. Du coup, le taux d'inflation en moyenne annuelle reste contenu sous la barre des 5% depuis 2000. “La politique budgétaire expansionniste orchestrée depuis 2001 autour du Plan de soutien à la relance économique (PSRE, 6,9 milliards USD entre 2001 et 2004), suivi du Plan complémentaire de soutien à la croissance, (PCSC, 120 milliards USD étalés sur la période 2005-2009) contribuent à soutenir la croissance : la demande publique permet ainsi de tirer vers le haut la contribution à la croissance des secteurs hors hydrocarbures”, explique la mission économique de l'ambassade de France. Résultat : la valeur ajoutée dans les services a ainsi progressé de plus de 60% en 5 ans, le BTP a, quant à lui, enregistré une croissance de 40% de sa valeur ajoutée. Le solde budgétaire reste toutefois largement excédentaire grâce à l'abondance des recettes pétrolières, atteignant 12,7% du PIB en 2005, selon les estimations du FMI. Sur le plan social, “la courbe du chômage s'infléchit régulièrement, le taux de chômage pour 2005 s'élevant à 15,3% contre 29,5% en 2000, selon les données officielles”, souligne le document. Cependant, le taux de chômage des moins de 30 ans reste néanmoins très élevé avec 75% de chômeurs en 2005, contre 73% en 2004. Les recettes pétrolières atteignent 29,5 milliards de dollars au cours des sept premiers mois de l'année 2006 ; fin juillet, l'excédent commercial s'élève à 17 milliards de dollars, contre 13 milliards de dollars à la même date l'an passé (+ 30,8%). Les exportations totales devraient dépasser 50 milliards de dollars cette année et 55 milliards de dollars en 2007 avec des excédents toujours supérieurs à 20 milliards de dollars. Seulement, constate la mission économique de l'ambassade de France, “les exportations du pays sont essentiellement constituées d'hydrocarbures, avec plus de 98% du volume global, les exportations hors hydrocarbures (demi-produits, produits bruts et biens alimentaires) demeurant encore très marginales”. Les importations sont, quant à elles, dominées par les biens d'équipement industriel et agricole et les produits destinés au fonctionnement de l'outil de production (plus de 60% du volume global), suivis par les biens alimentaires (près de 20%) et les biens de consommation non alimentaires (15%). “Parallèlement, les autorités monétaires du pays mènent une politique de change conservatrice : le système de change est régi par une gestion administrée de la parité du dinar”, note le document. “Ainsi, malgré une nette amélioration des termes de l'échange, la Banque centrale, poursuivant l'objectif principal de maîtrise de l'inflation, maintient un taux de change nominal sous-évalué, protégeant ainsi dans un contexte de renforcement de la concurrence internationale le secteur productif local”, explique la mission économique de l'ambassade de France. “Cette politique de change se traduit par une accumulation considérable d'avoirs extérieurs à la Banque centrale : les réserves de change ont atteint le niveau record de 56 milliards USD fin 2005 (70 milliards USD fin août 2006). Elles devraient dépasser les 100 milliards USD en 2008”, estime-t-elle, ajoutant que “cette aisance financière a dans le même temps permis de réduire fortement la dette publique extérieure, dont le niveau est passé de 20,3 milliards USD en 2000 à 15,5 milliards USD en février 2006. Le service de la dette a été ramené de 22,6% à 12,1% entre 2002 et 2005”. Après l'annulation de la dette russe début 2006 (4,7 milliards USD) en échange de contrats commerciaux, l'Algérie a remboursé par anticipation les 850 M USD dus aux banques du Club de Londres et la quasi-totalité de ses dettes bilatérales vis-à-vis des pays membres du Club de Paris (6,7 milliards USD) ; la dette publique algérienne devrait tomber sous le seuil de 5 milliards USD fin 2006. La mission économique de l'ambassade de France relève tout de même “quelques fragilités structurelles”. Elle évoque la spécialisation de l'économie qui repose sur les matières premières. “Les hydrocarbures représentent en 2005 98,3% des recettes totales d'exportation à hauteur de 45,6 milliards de dollars, représentant près de la moitié du PIB et en accroissement de 38,9% par rapport à 2004, sous l'effet conjugué d'une augmentation des volumes exportés et de l'envolée des cours”, constate la mission économique. “Outre la forte dépendance des recettes publiques au secteur des hydrocarbures en termes d'équilibre budgétaire, on peut également mettre en avant une dépendance indirecte, mais importante de l'économie nationale vis-à-vis du secteur : la réinjection des recettes pétrolières par le biais de la dépense publique sous la forme de politiques de soutien et d'investissement permet à plusieurs secteurs importants de bénéficier des bienfaits de la rente pétrolière ; c'est le cas en particulier du BTP, de l'agriculture mais aussi du secteur bancaire via les “subventions d'exploitation” accordées aux établissements de crédit déficitaires”, ajoute-t-elle. Comme fragilité, la mission économique cite aussi “un secteur bancaire encore convalescent, mais en cours de modernisation”. Le document estime que “le changement le plus urgent concerne les mécanismes de gestion interne des établissements financiers”. Synthèse M. R.