La commission mixte algéro-russe se réunit aujourd'hui et demain en seconde session depuis sa création. Elle sera présidée conjointement par M. Mourad Medelci, et, M. Vladimir Yakovlev, ministre russe du Développement régional, a annoncé hier le ministre des Finances. La présente session se tiendra dans un contexte marqué par la progression des échanges entre les deux pays qui passent à une phase effective de la Déclaration de partenariat stratégique signée entre les deux pays, impulsée par la première visite du président Bouteflika à Moscou en 2001. Ainsi, en ce laps de temps, les échanges entre la Russie depuis l'époque de l'URSS et l'Algérie, limités traditionnellement à l'armement, ont franchi le pas vers d'autres perspectives avec la prospection de différents secteurs conclus à travers des accords d'entente signés depuis 2002. Le volume de ces échanges ne cesse d'augmenter même s'il demeure en deçà des espérances. Hors armement, ils ont atteint 364 millions de dollars en 2005, en progression de 9,5% par rapport à l'année 2004. La première session, qui a eu lieu à Moscou en octobre 2005, a permis d'abord d'asseoir les bases juridiques de la coopération bilatérale inspirées de la Déclaration de partenariat stratégique. Pratiquement, les actions se sont accélérées notamment à travers les visites de haut niveau entre Moscou et Alger et la conclusion d'accords, notamment en matière spatiale et énergétique. Cela va sans dire que l'effacement de la dette algérienne, évaluée à 4,7 milliards de dollars, et qui fait suite à la Déclaration de partenariat stratégique, a été plus qu'un geste de reconnaissance mais le fait d'un choix important de la Russie puisqu'ils ne sont que deux pays du Sud, l'Inde et l'Algérie à en bénéficier. En 2004, l'Asal, l'Agence spatiale algérienne et l'Agence spatiale fédérale de Russie, Roskosmos, avaient signé un accord de compréhension mutuelle et de coopération dans le domaine des technologies spatiales et leurs applications. L'accord prévoit également des activités en commun dans le domaine de sondage de la Terre à distance et la création de systèmes de télécommunications et de navigation. Après l'expérience du premier satellite algérien, Alsat 1, les Russes se placent en première position pour assister l'Algérie dans son programme spatial à venir. En 2006, un pas en avant dans les relations entre les deux pays constituera un événement international. La signature au mois d'août dernier de deux mémorandums portant sur la coopération bilatérale dans les hydrocarbures entre la Sonatrach et les deux compagnies russes, Gazprom et Loukoil, fera jaser les capitales européennes, notamment Paris et Rome qui ont manifesté des craintes en voyant en l'événement les prémices de la naissance d'un nouveau cartel énergétique. L'axe Alger-Moscou se renforcera ainsi en élargissant le champ du partenariat à toutes les sphères. La perspective d'une hausse du volume des échanges parallèlement à la prospection d'autres domaines de coopération fera que le domaine militaire, qui demeurera dominant dans cette relation pour longtemps encore, ne sera pas l'unique lien de l'axe. L'on est d'ailleurs conscient, à Alger comme à Moscou, de la nécessité d'ouvrir d'autres “chantiers” communs. Et Alger n'a pas caché son intention de diversifier ses fournisseurs en matière d'armement. La Russie reste le premier et historique fournisseur de l'ANP, mais elle n'est plus l'unique et l'exclusif. D'où la condition pour l'effacement de la dette algérienne de la fourniture de son équivalent en équipement et matériel militaires. Plus concrètement, la coopération en matière des hydrocarbures et d'énergie, appelée à se développer davantage, peut constituer une alternative ou un second grand domaine de partenariat à côté du militaire. D'autant plus que ce dernier n'est plus l'apanage d'une poignée de puissances. Ainsi donc, cette seconde session de la commission mixte se tient dans un climat favorable pour la mise ne œuvre des accords et l'ébauche de nouvelles pistes de coopération entre l'Algérie et la Russie. Djilali B.