Cinq personnes ont été interpellées hier matin par les policiers en civil, qui ont participé aux aurores à une opération dans les cités avoisinantes du lieu de l'attaque d'un bus de la Régie des transports marseillais, la veille, dans lequel une jeune étudiante de 26 ans a été grièvement brûlée. Dans le tableau de chasse, trois sont mineurs ! De gigantesques moyens sont déployés pour bien sûr retrouver les auteurs de ce crime abominable mais également pour dissuader toute remise à feux dans les banlieues qui ont flambé il y a jour pour jour l'an dernier. Les policiers, le procureur de Marseille, le gouvernement, tout le monde s'y ait mis, les moyens scientifiques et techniques, l'appel à témoin… Le président Jacques Chirac de retour de Chine a instruit le gouvernement pour que celui-ci accélère la prévention et les sanctions contre la délinquance, insistant sur l'action du Premier ministre, Dominique de Villepin même s'il n'a pas oublié de saluer l'action de son ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, durement attaqué par la gauche, notamment les socialistes qui accusent le très probable candidat de l'UMP à la présidentielle d'être un ministre à temps partiel, profitant de son statut pour avancer ses pions vers l'Elysée. Fidèle à son langage contre les jeunes des banlieues, Sarkozy a demandé des sanctions exemplaires et “croyez-moi, assure-t-il dans cette région plus ou moins chasse gardée de Le Pen, nous les retrouverons”, lors de réunions de crise après l'incendie du bus. Favori de la droite pour la succession à Jacques Chirac, Sarkozy a fait de la sécurité son cheval de bataille. Sa thérapie ne fonctionne pas selon ses détracteurs. Une dizaine de bus ont été incendiés en une semaine dans des banlieues de grandes villes, un an après les émeutes qui avaient secoué la France durant trois semaines, malgré le renfort de 4 000 policiers déployés en renfort dans des quartiers difficiles. Il y a un an, quelque 10 000 véhicules et plus de 200 bâtiments publics avaient été brûlés lors des émeutes sans précédent dans les banlieues déshéritées. Le monde découvrait les vastes poches françaises de sous-développement, d'injustices, de discrimination et de racisme, frappées par d'insoutenables taux de chômage, où vivent des Français originaire du Sud, d'Afrique sub-saharienne et du Maghreb. La routine des bus brûlés, 70 à 100, en moyenne, chaque jour, selon la police, dans les banlieues constitue un phénomène de violence urbaine sans équivalent dans le reste de l'Europe. Le quotidien parisien Le Monde qui donne ces chiffres estime qu'une partie de ces incendies relèvent toutefois de règlements de comptes liés à des vols de véhicules, ou constituent des escroqueries à l'assurance. Il reste que le feu dans les banlieues françaises est en grande partie la conséquence de la marginalisation des Français d'origine immigrée pour lesquels la citoyenneté française n'est même pas symbolique. Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, en sait quelque chose malgré son optimisme. Il est à froid avec Sarkozy depuis octobre 2005, date à laquelle ce ministre originaire d'Algérie osé remettre en question le ministre de l'Intérieur après ses propos racistes contre les jeunes des banlieues traités de racailles à pulvériser au carcher ! Le Pen n'a pas osé dire cela. D. Bouatta