Au premier anniversaire des émeutes qui avaient secoué la France du 27 octobre au 20 novembre 2005, les jeunes adolescents des quartiers pauvres ne semblent toujours pas se départir de leur colère et violence. En effet, plusieurs heurts et incidents ont eu lieu cette semaine dans des cités déshéritées, alors qu'une jeune étudiante de 26 ans, d'origine sénégalaise, a été grièvement brûlée (60%) samedi soir quand des adolescents ont attaqué et incendié un bus à Marseille. Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a convoqué une réunion, lundi, sur la sécurité et les transports publics, après plusieurs attaques de bus. Le président Jacques Chirac, qui s'est entretenu avec de Villepin et le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a exprimé son « horreur devant cet acte ignoble » et a promis « la plus extrême sévérité » envers les auteurs. M. Sarkozy a annoncé l'envoi de deux compagnies de policiers antiémeute en renfort à Marseille, une agglomération qui abrite des quartiers très pauvres. Les autorités locales ont, elles, annoncé qu'il y aurait une « tolérance zéro » face à d'éventuels débordements dans huit secteurs sensibles de la cité. Aucun bus ne circulait dimanche à Marseille, les conducteurs ayant exercé leur droit de retrait après le drame, en dénonçant plusieurs agressions et en réclamant le retour d'une police de proximité. Au total, neuf bus ont été attaqués et incendiés en une semaine dans des banlieues de grandes villes, dont sept en région parisienne, par des groupes de personnes portant des cagoules et parfois armées, faisant en général descendre les passagers avant de mettre le feu. A Marseille, les jeunes ont tendu un vrai guet-apens au bus, incendié le véhicule alors que les passagers étaient encore à l'intérieur. 4000 policiers envoyés en renfort dès vendredi soir, en prévision de la nuit anniversaire du déclenchement des émeutes, ont été maintenus pour la nuit de samedi à dimanche. Après plusieurs incidents ces derniers jours entre forces de l'ordre et jeunes des cités, la tension est montée d'un cran dans la nuit de mercredi à jeudi avec l'assaut spectaculaire mené contre un bus par une bande encagoulée dont au moins cinq membres étaient armés. Les assaillants ont menacé les passagers de leurs armes, avant de les faire descendre, de s'enfuir avec le bus et d'y mettre le feu entre Bagnolet et Montreuil, dans le département de Seine-Saint-Denis, au nord de Paris, où avaient débuté les émeutes de 2005. Les associations de quartier et la police craignent un nouvel embrasement dans les cités déshéritées du pays à forte population d'origine immigrée. Le Premier ministre a annoncé la reconduction en 2007 d'une enveloppe de 100 millions d'euros pour aider les associations sur le terrain. Il a, aussi, rappelé que l'Etat s'était engagé à mobiliser 35 milliards d'euros jusqu'en 2013 pour la rénovation urbaine. Il a, en outre, annoncé une généralisation des dispositifs de surveillance vidéo dans les transports publics et demandé à la justice une sévérité accrue contre les auteurs de ce type d'attaques. M. Sarkozy, favori de la droite pour la présidentielle d'avril-mai 2007, a fait de la sécurité son cheval de bataille, proposant de considérer les récidivistes âgés de 16 à 18 ans comme des majeurs. « Le chômage, les discriminations, le racisme, l'injustice ne sauraient excuser d'aller mettre le feu à un bus », a déclaré M. Sarkozy. L'opposition de gauche a continué ses attaques contre M. Sarkozy, accusé d'être « ministre à temps partiel » pour se consacrer à sa campagne présidentielle. Le parti socialiste a fustigé la « responsabilité » du gouvernement et de M. Sarkozy, en particulier, en matière de sécurité après l'attaque de Marseille. M. Sarkozy et son camp ont répliqué en accusant notamment les responsables socialistes d'avoir laissé permettre une « explosion » de la délinquance lorsqu'ils étaient aux affaires avant 2002. Par ailleurs, un sondage publié par le quotidien Le Parisien révèle que deux électeurs français sur trois se disent prêts à voter pour une personne issue de l'immigration afin de les représenter à l'Assemblée française, et trois sur quatre aux élections municipales.