“Le code de la famille est en inadéquation avec les lois du pays et les conventions internationales ratifiées par l'Algérie. Nous allons interpeller les instances internationales et la commission des violences faites aux femmes des Nations unies, pour faire figurer l'Algérie dans son agenda 2006”. Tel est le point de vue d'une des représentantes du collectif né, jeudi dernier, pour “réaffirmer la revendication de l'abrogation du code de la famille et son remplacement par des lois civiles et égalitaires”. Lors d'une conférence de presse qu'ils ont animée, hier, à la Maison de la presse Tahar-Djaout, les représentantes et représentants des associations féminines (RAFD, AITDF, Vie, Tharwa N'fadhma N'soumeur, collectif “20 ans barakat”, collectif femmes du MDS), des organisations estudiantines (Association Progrès et science de l'Université d'Alger, collectif étudiants du MDS), de l'Association Djazaïrouna, des victimes du terrorisme et de la société civile, ont renouvelé leur “rejet” des derniers amendements apportés au code de la famille, qualifiés de “bricolage”. “Personne ne veut nous écouter en Algérie et depuis 21 ans, le code de la famille nous est imposé. Il est temps de faire connaître notre point de vue à l'opinion publique nationale et internationale, et de nous faire entendre”, a déclaré Mme Aouicha Bakhti, en précisant plus loin : “Nous voulons être soumis au droit positif, en application aux lois de la République. Nous demandons la citoyenneté à part entière.” Pour d'autres femmes présentes, à l'exemple de la présidente de l'Association indépendante pour le triomphe des droits de l'homme, “ces amendements sont une trahison contre les femmes”. “Le président de la République, garant de la Constitution, a commis quelque chose de très grave”, a-t-elle indiqué, en référence à l'article relatif au tutorat. Cette combattante de la guerre de libération nationale a également révélé que “des personnes font courir le bruit que nous sommes 5 étoiles”, faisant allusion à Boudjerra Soltani. “Qu'il sache qu'il y a des Algériennes qui ont contribué à libérer le pays”, a-t-elle soutenu. De son côté, la présidente de Djazaïrouna a déploré le manque de clarté des amendements du code de la famille appliqués aux veuves des disparus, en se demandant comment ces femmes que l'on prive du statut de veuves et qui sont mères “peuvent-elles justifier l'absence du père”. Elle a en outre fait part des “procédures épuisantes” dont est confrontée cette catégorie de femmes, en s'interrogeant sur la justesse de “l'autorité parentale” dans ce cas précis. Des membres du collectif sont intervenus pour interpeller le Chef du gouvernement sur la faisabilité des sondages et lui rappeler que “la citoyenneté ne s'acquiert pas par des sondages”. Ils ont par ailleurs mis en avant les “contradictions” contenues dans lesdits amendements, y compris sur le chapitre du contrat de mariage alors que “le divorce unilatéral est maintenu pour l'homme”. Certains ont insisté sur la comparaison entre le code de la famille, le “code de l'indigénat” et le “code noir”, estimant que “le code de la famille n'est rien d'autre que le cadeau de noces du pouvoir aux islamistes”. Les animatrices et les animateurs de la conférence de presse ont enfin informé de l'organisation ultérieurement d'une “rencontre nationale” sur les droits de la femme algérienne. H. A.