Le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, qui a présidé hier la réunion de début de campagne, s'est montré assez optimiste, estimant qu'avec les 3 millions d'ha de sole céréalière, il demeure possible et facile d'atteindre une production de 60 millions de quintaux. Afin d'impulser une nouvelle dynamique au Programme d'intensification céréalière (PIC) en perte de vitesse, ces deux dernières années, et d'amener les agriculteurs à adhérer au dispositif de soutien, les pouvoirs publics, à travers le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, vient de décider d'un certain nombre de mesures d'encouragement d'ordre administratif et financier à même de remédier aux insuffisances constatées. Les contours du nouveau dispositif ont été rendus publics hier, lors de la réunion annuelle de lancement de la campagne labours-semailles qui s'est tenue dans l'auditorium flambant neuf du ministère de l'Agriculture sous la présidence du secrétaire général M. Abdeslam Chelghoum. Les mesures en question ont été annoncées par le nouveau directeur général de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), Abderahmane Bourad, qui a indiqué que l'opération tend à rétablir la confiance entre l'administration et les céréaliculteurs. La première mesure prise en faveur des producteurs est relative à l'institution d'un crédit de 500 000 DA avec un taux préférentiel de 5% net, c'est-à-dire sans autre charge comme c'est généralement le cas pour les crédits commerciaux. Bien évidemment, ce prêt peut être accordé en dehors des crédits traditionnels de campagne. À cela doit s'ajouter une réduction de pas moins de 40% sur le montant de l'assurance contractée si l'agriculteur s'acquitte au comptant de la facture d'assurance. L'autre décision prise, et qui a son pesant sur la campagne qui vient de débuter, est liée au fait que la CNMA n'exige plus à l'agriculteur le remboursement de sa dette comme conditionnalité pour pouvoir bénéficier des crédits de campagne. Maintenant, il suffit d'une simple reconnaissance de dette signée chez le notaire pour accéder au dispositif de soutien. M. Bourad a affirmé à ce propos que l'organisme qu'il dirige depuis peu en remplacement de Djamel Madani a dégagé une enveloppe de 2 milliards de DA dans le cadre du dispositif de soutien aux producteurs, soit en augmentation de 25% par rapport à l'année dernière. Pour ce qui est des crédits de campagne, l'enveloppe qui lui sera consacrée n'a pas été limitée, et elle pourrait, selon le DG de la CNMA, avoisiner les 1,5 milliard de DA. L'allégement du dispositif vise donc à intéresser encore plus les céréaliculteurs dans le but de réussir la présente campagne. Mais, tous les présents hier ont reconnu qu'il existe un problème qu'il faudra régler très rapidement en mettant les moyens nécessaires à cet effet. C'est la problématique de la communication qui continue à se poser à l'échelle locale entre les représentants des structures administratives et les producteurs. M. Chelghoum a d'ailleurs beaucoup insisté sur ce volet, donnant instruction à tous les concernés (CNMA, CRMA, CNA, CCLS, DSA) de privilégier la concertation afin de venir à bout des insuffisances qui ont provoqué un recul au niveau de l'adhésion au PIC. Il n'a également pas manqué, après avoir écouté les doléances de l'assistance, de préciser que son département “va réfléchir pour introduire d'autres facilitations dans le dispositif d'incitation”. Mais, il faut dire que d'autres difficultés continuent de se poser pour les agriculteurs, les empêchant d'accéder aux dispositifs de soutien, à l'exemple de problème du statut du foncier. En effet, le président de la Chambre nationale de l'agriculture, M. Cherif Ould El-Hocine, a indiqué que 90% des exploitations sur le territoire national ne disposent pas du titre de propriété, ce qui, d'après lui, complique énormément l'acte agricole puisque ce type de document demeure indispensable pour l'accès aux dispositifs de soutien et aux crédits de tout ordre. Pour conforter ses dires, le président de la CNA souligne que 2 millions d'hectares ne sont pas travaillés actuellement à cause de ce problème de titre de propriété. Quant à la présente campagne, selon les affirmations du secrétaire général du ministère de l'Agriculture, elle semble avancer dans de bonnes conditions souhaitant, au passage, que le Conseil interprofessionnel des céréales (CIC) soit réactivé afin de redynamiser la filière. Se montrant optimiste, M. Chelghoum a estimé qu'avec les 3 millions d'ha de sole céréalière, il demeure possible et facile d'atteindre une production de 60 millions de quintaux, ce qui représente le niveau de la consommation annuelle nationale, pour peu que les conditions climatiques ne faussent pas les prévisions. Hamid Saïdani