Même si la production céréalière atteint des records pour cette saison, cela ne devrait pas nous faire oublier les défis présents. Ceux qui relèvent de la sécurité alimentaire du pays. Dans ce sens, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, a indiqué jeudi, que le défi d'améliorer davantage la production céréalière "reste encore important", malgré les résultats exceptionnels obtenus cette année. Le ministre, qui présidait une réunion consacrée au bilan de la campagne céréalière 2008/09 et l'état de préparation de la campagne labours-semailles 2009/10, a estimé que la "satisfaction tirée des résultats réalisés durant cette campagne ne doit pas freiner le frémissement constaté au niveau des différents acteurs de la filière". Notons qu'au cours de cette réunion à laquelle ont pris part, notamment les directeurs des CCLS, ceux des chambres d'agriculture et des institutions techniques et financières, intervenant dans la filière, un premier bilan de campagne a été présenté. Il en ressort que la production céréalière de l'Algérie a atteint un record de 61,2 millions de quintaux (qx) lors de la campagne 2008-2009, contre 17 millions de qx durant la saison précédente, marquée par la sécheresse, selon un bilan arrêté au 15 septembre en cours et présenté jeudi, lors de la réunion des cadres du secteur. "La campagne céréalière 2008/2009 s'est singularisée par des niveaux de production et de collecte appréciables", note le rapport présenté en présence du ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa. La production sur champs est de 61,2 millions de qx, le record précédant datant de 1996 avec une production de 49 millions de qx classée alors comme la plus importante depuis 1876 (les statistiques sur la production céréalière étant disponibles depuis 1876), a-t-on précisé. La valeur globale de la récolte céréalière est de 180,37 milliards de DA, selon la même source. Le rendement moyen national enregistré durant cette campagne est de 16,5 qx à l'hectare (ha) contre 13,4 qx/ha en 1996. En terme de collecte sur les 61,2 millions de qx produits, une quantité de 21,3 millions de qx, d'une valeur de 75,04 milliards de DA, a été vendue par les céréaliculteurs aux Coopératives de céréales et de légumes secs (CCLS), un record jamais enregistré depuis 1991. Le nombre d'agriculteurs, ayant livré leur production au niveau national a atteint, au 15 septembre, 141.926 livreurs, dont 134.113 ont déjà été payés, soit le taux d'avancement dans le paiement de l'ordre de 95%. M. Benaïssa a estimé que ces "résultats exceptionnels" enregistrés en matière de production, de rendement et de collecte, "prouvent qu'il est possible d'atteindre un niveau appréciable en matière de sécurité alimentaire". "Des marges de progrès existent que ce soit dans l'application des techniques de production, dans l'organisation et dans l'encadrement technique et économique", a-t-il soutenu. Le ministre a indiqué, dans ce cadre que la campagne prochaine, qui doit démarrer incessamment, "doit consolider les résultats obtenus". Des améliorations et correctifs seront également apportés en se basant sur des enseignements tirés de la campagne qui s'achève. M. Benaïssa a relevé également l'importance de la production de l'orge à plus de 24 millions de qx cette année, une quantité suffisante pour couvrir les besoins nationaux durant les trois années à venir. Cependant, pour le blé tendre, les résultats obtenus (11,3 millions) ne sont pas au niveau des objectifs escomptés, selon le ministre, qui explique cette situation par le fait que les variétés utilisées durant cette campagne étaient sensibles à certaines maladies, affectant les rendements. A propos de la production livrée aux CCLS, qui ne représente le tiers de la production totale (21,3 millions de qx), M. Benaïssa a attribué cette situation au fait que sur les 372.000 exploitants inscrits aux chambres d'agricultures, 140.000 seulement ont pu livrer leur production. Il a été enregistré également durant la campagne 2008/09, "des cas de fraude" dont une quinzaine de personnes, traduites en justice pour avoir livré au CCLS un mélange du produit local et importé, a révélé le ministre, soulignant que ces fraudeurs ont été interceptés grâce au contrôle effectué par des universitaires recrutés dans le cadre de cette campagne. Selon les professionnels du secteur, ces cas de fraude sont encouragés par les prix minima garantis pour les céréaliculteurs pour les blés, à savoir, 4.500 DA/qx pour le blé dur, 3.500 DA/qx pour le blé tendre et 2.500 DA/qx pour l'orge. Le gouvernement a décidé de maintenir ces prix incitatifs en 2008, malgré la baisse des cours de ces matières au niveau international, en vue d'encourager les agriculteurs à produire et à livrer leurs production au CCLS. Questionné sur la possibilité de réduire les importations céréalières vue l'importance de la production, le ministre a indiqué, qu'à l'exception de l'orge, l'Algérie importera toujours ce dont elle a besoin en blés dur et tendre. Il a rassuré, par ailleurs, que l'Etat maintiendrait le soutien des prix des engrais, malgré les prévisions tablant sur la hausse des cours de ces matières sur le marché international dans les prochaines semaines. Il a révélé dans ce sens l'existence d'un programme de soutien à la production nationale de l'engrais azoté, actuellement importé. Par ailleurs, le ministre a appelé les céréaliculteurs à rembourser leurs crédits contractés auprès de la BADR, dans le cadre du dispositif R'fig (sans intérêts) dont le taux de recouvrement a atteint 80% actuellement. Pour la campagne 2009/10, M. Benaïssa a indiqué, qu'outre les stocks "importants" d'engrais et de semences constitués actuellement au niveau des CCLS, lesquelles vont approvisionner les céréaliculteurs, un programme de création de nouveaux silos de stockage sera lancé pour combler le déficit constaté cette année, où les autorités étaient contraintes de louer d'autres espaces privés pour contenir l'ampleur de la production. Un programme de mécanisation sera également lancé cette année en vue de renouveler et de moderniser le parc des CCLS. Pour renforcer la mécanisation de l'activité durant la campagne prochaine, une convention cadre a été signée entre l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) et l'Entreprise nationale de commercialisation du matériel agricole (PMAT) pour l'acquisition de 500 moissonneuses batteuses et des équipements agricoles au profit de ces coopératives. D'un montant de 8 milliards de DA, cette opération, qui vient renforcer le dispositif déjà mis en place au niveau de la BADR et qui a concerné le financement de l'acquisition du matériel agricole destiné à la production nationale, sera financée par la BADR à hauteur de 50% et le reste par l'Etat. Dalila T.