Aïn Fakroun, distante de 25 km à l'ouest d'Oum El Bouaghi, est connue par sa forte population d'émigrés qui a contribué dans les années 1980 à l'émergence du commerce du “chanta”. Après avoir connu une expansion commerciale, elle est devenue un pôle commercial incontournable pour le prêt-à-porter de toutes les marques, particulièrement asiatiques. Cette situation encouragée à l'époque par les facilités d'accès à l'activité d'import-export a coûté la bagatelle de 100 milliards de centimes au Trésor public, selon le directeur du commerce. D'après ce dernier, la levée du monopole de l'Etat sur le commerce extérieur, d'une part, le manque total de réseaux de distribution et l'arrivée tardive des textes législatifs régissant le secteur, d'autre part, ont été à l'origine de ce phénomène. De ce fait, l'apparition rapide du trabendo et son développement dans les années 1990, ainsi que l'importation de produits dans un marché marqué par un déficit de l'offre ont permis à un large pan de la population de Aïn Fakroun de s'investir dans le secteur de l'importation du prêt-à-porter. Cette dernière a vu le nombre de commerçants atteindre les 1 200 inscrits tous au registre du commerce avec une majorité de jeunes s'adonnant à des pratiques frauduleuses (prête-nom, registre au nom de personnes âgées, handicapées...) et ce, afin de contourner la réglementation. Aussi la location de registres du commerce et le recours abusif à la procuration ont rendu toute tâche de contrôle et de recouvrement fiscal ardue ! Parmi les mesures prises par la Direction du commerce pour atténuer le phénomène, voire l'abolir même, cette dernière a initié pour la première fois, en collaboration avec les impôts et les douanes, une action dont les résultats ont endigué la fraude et l'évasion fiscale sensiblement, selon le directeur du commerce. Il s'agit de la réaction positive de la Banque d'Algérie qui a procédé à temps au blocage et à l'interdiction de toute domiciliation bancaire des fraudeurs (liste établie par les services mixtes). Sur les 1 048 personnes morales existantes, 20% seulement sont identifiées et localisées, 60% n'ont jamais activé. L'autre frange utilise l'activité pour l'obtention de passeport, visa et autres. Enfin, depuis l'entrée en vigueur de l'article 13 de la loi de finances complémentaire 2005 (relevant le capital social à 2 milliards de centimes), la situation s'est améliorée et le nombre des importateurs est passé à 64 personnes morales, uniquement, à Aïn Fakroun, selon le DCP. K. MESSAÂD