Durant les années 1970 et 1980, les pouvoirs publics avaient encouragé la construction individuelle en mettant à la disposition des citoyens des lots de terrain à bâtir pour des coûts modiques et ce pour réduire la demande sur le logement social. Des milliers de parcelles furent octroyées aux citoyens désireux de construire un logement individuel. Même les prix pratiqués sur les matériaux de construction étaient à la portée des bourses moyennes. L'Entreprise de distribution de matériaux de construction (Edimco) avait le monopole sur la vente du ciment, tandis que la SNS fournissait le rond à béton. Bien que disposant du permis de construire, beaucoup de clients préféraient s'approvisionner chez le privé, plutôt que de figurer de longs mois sur la liste d'attente. En tout état de cause, en ces années-là, les cités poussaient comme des champignons, tant et si bien qu'on était parfois obligé d'empiéter sur les terres agricoles. La ville d'Oum El Bouaghi est celle qui a le plus bénéficié du gros lot. Sa promotion au grade de wilaya, en 1974, l'avait éjectée sur le devant de la scène. Il fallait tout construire : institutions, banques, cités d'habitations. En fait, il s'est agi de construire une ville nouvelle avec des avenues aussi larges que celles de Paris. La ville a jeté ses tentacules tant à l'est qu'à l'ouest, mais c'est au sud que la véritable extension a eu lieu. Le point le plus culminant de la cité, c'est la tour de la wilaya, un imposant édifice qui n'a rien à envier à ceux de Sétif, de Batna ou d'Alger. En moins de rien, Oum El Bouaghi (ex-Conrobert), s'est développée socialement et surtout culturellement, avec notamment l'installation de nouvelles familles, venues des régions voisines. Le centre universitaire Larbi Ben M'hidi a servi de catalyseur pour propulser la cité et lui offrir les allures d'une cité émancipée, enregistrant de grands progrès dans tous les domaines, chaque année un peu plus. Certes, l'Etat y a mis tout son poids, entendons par là les budgets colossaux octroyés pour une pareille évolution. Aujourd'hui, Oum El Bouaghi est une ville moyenne de 60 000 habitants avec la possibilité d'abriter 100 000 dans quelques années. Cela ne veut pas dire que les autres villes n'ont pas évolué. Au contraire, chacune a eu sa part du programme qui a visé à soustraire la région au désenclavement et à la mettre sur orbite, c'est-à-dire sur le chemin du progrès. Aïn M'lila, Aïn Kercha, Sigus et Aïn Fakroun au sud-ouest et à l'ouest du chef-lieu de wilaya ont connu, elles aussi, une évolution remarquable, tant au plan urbanistique qu'au plan social. Du lot, cependant émergent Aïn M'lila avec au moins 100 000 habitants et Aïn Fakroun avec environ 40 000. Toutes deux ont investi des créneaux créateurs de richesses. La première s'illustre pour la vente de pièces détachées et le matériel électronique, tandis que la deuxième s'affirme dans le commerce du prêt-à-porter, dont elle est devenue la plaque tournante de toute la région. Les richesses générées par ce négoce ont permis la construction de villas cossues à la sortie ouest et sud-ouest. L'apport des émigrés originaires de Aïn Fekroun est pour beaucoup dans cette ascension. Chômage et crise de logement Aïn Kercha, quant à elle, est connue pour la qualité et la richesse de ses terres qui produisent la belle pomme de terre ainsi que du tabac. Ces deux formes d'agriculture offrent emploi et sécurité à ses citoyens. Beaucoup plus proche de Constantine que d'Oum El Bouaghi, la ville de Sigus est bâtie sur un terrain accidenté, traversé par un oued qui lui cause beaucoup de désagréments. A 26 km à l'est d'Oum El Bouaghi, se dresse la ville de Aïn Beïda, l'agglomération la plus populeuse du fait de l'exode rural conjugué à une démographie galopante. A l'heure actuelle, la ville ne dispose plus de lotissements pour d'éventuelles constructions. Seul le sud-ouest de la cité s'y prête. C'est d'ailleurs de ce côté que se développe la nouvelle-ville. Des centaines de logements sociaux sont en voie de réalisation. Le nombre des postulants est effarant ; 13 000 demandes, si ce n'est pas plus. Il est d'ores et déjà impérieux d'aménager les banlieues, à l'instar de Bir Ournès à l'ouest et Aïn Ferhat à l'est, et ce, pour réduire la densité de la population et désengorger du coup la cité de Aïn Beïda. Toutefois, on constate que beaucoup de vieilles bâtisses datant de l'ère coloniale ont été démolies pour servir de bases à d'autres, au look soigné et à l'architecture avenante et agréable. D'une manière générale, ce sont les héritiers qui cèdent la vieille maison familiale à de riches hommes d'affaires. Aussi, est-on étonné des prix pratiqués : le mètre carré dépasse le million de centimes. Au centre-ville, le mètre carré est plus cher. A la périphérie, des lots de terrain de 200 m2 sont cédés à 600 000 DA, voire davantage. Meskiana, qui est située à l'extrême est de la wilaya, bien que ne comptant que 30 000 âmes, se débat aussi dans l'inextricable problème du logement. Dernièrement, 236 unités (F1, F2 et F3) ont été attribuées par la commission. D'autres programmes sont en voie de réalisation, comme les 42 logements de l'ex-SAS, les 27 du LSP. Pratiquement, il n'existe pas de bidonvilles à Meskiana qui, à la manière des autres grandes cités, a subi la déferlante de l'exode rural. Notons que l'ancien centre-ville, constitué de bâtisses, dont certaines menacent ruine, n'a pas subi le vent du renouveau. Pourtant, il constitue la vitrine de la ville que traverse la RN10, reliant Constantine et Tébessa. Meskiana n'a pas connu un progrès notable en matière d'habitat si on la compare à Aïn Fekroun ou Aïn Kercha. En raison du fort taux de chômage qui frappe la jeunesse, le commerce en pâtit. Beaucoup de jeunes versent dans le trabendo pour survivre...Reste que d'une manière générale, la wilaya d'Oum El Bouaghi est une wilaya pauvre où le secteur industriel ne s'est pas développé de manière appréciable pour réduire le chômage et insuffler une dynamique nouvelle à toute la région. Les unités qui existent ici et là ne peuvent, à elles seules, éradiquer le chômage.