Une affaire de roqia a défrayé la chronique l'année dernière. D'ailleurs, elle a largement inspiré la fetwa et l'instruction du ministère des Affaires religieuses interdisant aux imams de recourir à ce rite. À Bab Ezzouar, dans la cité Ismaïl-Yefsah plus exactement, un frère et une sœur, âgés respectivement de 19 et 17 ans sont morts par asphyxie après avoir ingurgité chacun 60 litres d'eau. Le jeune imam de la mosquée du quartier, auquel leur mère et leur grand-mère ont eu recours, a cru pouvoir les déposséder du diable par ce procédé. “C'était l'ami de mon frère. Il n'avait pas l'intention de les tuer”, précise leur jeune tante. S'exprimant au nom de toute la famille, elle refuse d'exhumer les détails du drame et d'en faire une nouvelle narration. “La plaie est encore ouverte”, dit-elle d'une voix tremblante sur le seuil de l'appartement familial. Les enfants habitaient chez leurs grands-parents, car leur mère est divorcée. Tout le voisinage se souvient de cette affaire de roqia qui a très mal fini. Le garçon Naïm travaillait dans une boulangerie de la cité. “Il était gentil et très sage”, relate son entourage. Selon leur mère, lui et sa sœur étaient possédés. Ayant fait le tour des cabinets médicaux sans succès, elle a décidé de les confier à l'imam. Aujourd'hui, ce dernier est en prison. Il a été jugé en juin dernier pour homicide involontaire. S. L.