La production du parfum en Algérie traverse, depuis quelques mois, des périodes extrêmement difficiles à cause du manque d'alcool. L'Etat, qui détient depuis 40 ans le monopole de l'importation d'alcool, n'est pas en mesure d'assurer la disponibilité de cette matière sur le marché. Des producteurs de parfum sont allés jusqu'à mettre les clés sous le paillasson, mettant au chômage des dizaines d'employés. Les perturbations dans l'arrivage de l'alcool à partir des pays étrangers ont provoqué des mécontentements chez les parfumeurs. Leur colère est plus grande d'autant plus que les institutions étatiques leur vendent cette matière première à des prix très élevés, voire proches de la spéculation. Alors que son prix en Europe est de 0,70 euro, soit 80 dinars TTC le litre, en Algérie, les pouvoirs publics le cèdent à 125 dinars hors taxes. Les taxes s'élèvent à 9,8 dinars par litre d'alcool dénaturé. Ces producteurs de parfum ont précisé qu'ils achètent l'alcool au marché informel à raison de 300 dinars le litre. Ainsi, l'augmentation des charges de fabrication de parfum a obligé les producteurs à geler momentanément leurs activités ou à réduire la cadence de leur production jusqu'à ce que la situation soit réglée. Ces problèmes dans lesquels se débattent les producteurs profitent aux importateurs. Ces derniers inondent le marché de produits en provenance de Turquie, de Chine et d'autres pays de l'Asie, rendant plus lamentable la santé de la production nationale. Devant ces difficultés, certains producteurs recourent au “processing” en Turquie et en Thaïlande. Ils louent les lignes de production dans ces pays pour façonner les parfums qu'ils importent. “C'est moins cher que sa fabrication en Algérie”, explique un producteur mécontent. Des sources bien informées au niveau du ministère des Finances ont réfuté les accusations des parfumeurs sur la pénurie de l'alcool, dont l'Etat détient le monopole depuis l'Indépendance. Selon elles, les pouvoirs publics ont importé 3 millions de litres d'alcool en provenance de France en octobre dernier, et il est disponible dans l'entrepôt du service d'alcool en quantités suffisantes. Pour prendre en charge les problèmes causés par la perturbation dans l'arrivage de l'alcool, certains parfumeurs envisagent de créer une association nationale professionnelle à même de défendre leurs intérêts. La première bataille à engager est celle de la modification des lois régissant l'importation d'alcool jugées non conformes aux réalités de l'économie de marché. Khaldi B.