L'équipe algérienne de cyclisme, sous la houlette de son entraîneur Abdelkrim Touabti, a pris part au quatrième championnat arabe, qui s'est déroulé du 17 au 27 novembre en Egypte. Les six filles qui ont composé l'équipe algérienne (Chekkal Nasrine, Gherbouche Amina, Touabti Nesrine de l'Olympique club de Rouiba, Ben Madani Houda de l'ASU Blida, Tenni Kheïra et Seddik Fatma de Mascara), bien que juniors, ont représenté dignement les couleurs nationales en catégorie seniors. Leur mérite et celui de leur entraîneur sont d'autant plus grands qu'elles ont eu pour adversaires, et pas des moindres, des équipes d'Egypte, de Syrie, du Maroc, de Tunisie, du Liban, d'Irak, de Jordanie et du Yémen. Même si les moyens ainsi que les conditions de préparation ont été loin d'être optimales, les camarades de Touabti Nesrine ont réalisé un palmarès très honorable. Ainsi, dans l'épreuve reine sur la route, elles ont pu décrocher une première place avec une médaille d'or en individuel grâce à Belmadani Houda qui a surclassé Attika Sabib du Maroc et Kaner Hamchou de Syrie. Médaille d'or également par équipe pour notre pays qui se classe premier devant la Syrie et le Liban. Dans la course contre la montre par équipe, qui s'est déroulée précédemment, les filles de Abdelkrim Touabti (Belmadani, Gherbouche Touabti et Chekchak) ont pu décrocher une médaille de bronze. Pour la deuxième course, contre la montre individuelle, l'équipe algérienne obtient la sixième place, les premières étant les Egyptiennes suivies des Marocaines. En somme, une bon point pour les filles qui, au-delà des résultats, pourront avoir une idée sur le niveau des Egyptiennes, des Marocaines et des Tunisiennes qui seront leurs adversaires directs au cours des prochains jeux Africains qui se dérouleront à Alger. C'est d'ailleurs ces jeux d'Alger qui détermineront la participation aux jeux Olympiques de Pékin. Un beau challenge pour les Algériennes qui ne voudraient certainement pas rater ce rendez-vous mondial de la petite reine. Mais pour cela, il faut des moyens, car jusque-là, c'est du bricolage, tant cette discipline ne jouissant pas de suffisamment d'intérêt des responsables. “Depuis 2004, l'équipe n'a pu se regrouper jusqu'à la veille de son départ en Egypte malgré les résultats qu'elle avait réalisés à travers ses différentes participations”, fait savoir l'entraîneur qui estime que son équipe “a besoin d'un budget conséquent”, un budget pour acheter des équipements, car nos filles ne disposent pas de vélos spécifiques. Elles utilisent le matériel de l'équipe de garçons qui ne répond pas aux normes des courses féminines. “C'est comme si on donnait à un footballeur qui chausse du 40 une paire pointure 44”, résume Abdelkrim Touabti dans une boutade. Une simple comparaison avec les pays arabes qui ont participé aux jeux en Egypte montre le retard de notre équipe en termes d'équipements. “On possède des vélos de 11 kg en acier et en aluminium, dont la taille ne correspond pas à nos filles. Ce sont les mêmes qu'on utilise dans l'épreuve de la route ou contre la montre. Les autres pays ont des vélos en carbone qui pèsent 6,8 kg”, explique Krimo qui dit que notre pays est le seul avec l'Irak à participer avec un matériel aussi vétuste. D'où, pour lui, la nécessité de prendre en charge cette discipline si on veut la développer. Et cela passe, selon lui, par la réalisation d'un vélodrome selon les normes internationales. Mais aussi, comme le souligne à juste titre Abdelkrim Touabti, les autorités ne doivent pas lésiner sur la dépense pour permettre aux filles de prendre part aux stages de préparation en Europe où se pratiquent le véritable cyclisme féminin. Sophia OUALI