Même la télévision qui avait boudé le sujet, s'intéresse désormais à l'affaire. Jeudi, dans la matinée, une équipe de tournage était sur les lieux pour un reportage prévu ce lundi à 21h. Il y a une vingtaine de jours, la cité des 618-Logements de Mohammadia (El-Harrach) était au centre des discussions dans tout Alger. Dans les quartiers, les cafés, les transports publics et même en famille, l'histoire du python qui a élu domicile sous le bâtiment 11 est dans toutes les bouches. Chacun se plaît et se complaît dans la version qu'il donne du reptile. Evidemment, l'exagération prend souvent le dessus pour qualifier l'animal de véritable monstre. C'est dire que les rumeurs alimentées par ouï-dire ont créé une psychose sur les lieux où les habitants préfèrent, dès la nuit tombée, ne pas s'aventurer dehors. Le gros reptile est-il toujours dans sa cache du vide sanitaire ? Aucune source crédible ne peut jusqu'à l'heure actuelle le confirmer. Les éléments de la Protection civile ont passé plusieurs jours à guetter l'animal qui, depuis le début de la traque, s'est retiré au fond de sa planque, narguant l'armada d'hommes et de moyens techniques engagés pour sa capture. Stressé par tant de présences comme l'a expliqué Steve, un spécialiste du cirque II Florilegio, le python a pris une décision, celle de garder “le sang-froid”. Mais où est-il donc passé entre temps ? Une question qui taraude l'esprit de tous ceux et celles qui suivent le feuilleton du python de Mohammadia. Cependant, un fait nouveau n'a pas manqué d'épicer cette affaire et de jeter quelques doutes sur l'existence du python. Il s'agit d'un serpent d'une longueur de 1,40m que le jeune Mohamed Belhaoua promène dans une boîte. Selon lui, il a capturé l'animal vivant, aidé par son ami le coiffeur du coin, en lui assénant plusieurs coups de bâton à la tête. Le serpent se trouvait près de son domicile (une villa) mitoyenne au bloc 11. Le jeune Mohamed avoue dès la capture de ce serpent qu'il a pris attache avec les spécialistes, notamment le Dr Haffassi, vétérinaire. Plusieurs d'entre eux ont, toujours selon les déclarations de M. Belhaoua, proposé de faire subir à l'animal une série d'analyses. “Il est venimeux, m'a confirmé un vétérinaire. Des tests à la caméra thermique prouvent qu'il est de la même race que le python décrit il y a quelques semaines. D'ailleurs, ils portent les mêmes zébrures en jaune”, dit-il. Voilà donc un récit qui peut à la fois rassurer les familles des 618-Logements du moment que le fameux serpent est en entre de bonnes mains, mais qui peut renvoyer à une autre hypothèse : s'agit-il du même animal ? Et si le serpent capturé était un rejeton du python qui se trouverait toujours terré sous le bloc 11 ? Sinon comment expliquer que la plupart des déclarations concordaient à dire que l'animal pouvait atteindre 5 à 6 mètres et même plus ? Le Dr Hafassi, vétérinaire à l'ANN du Jardin d'Essais du Hamma, avait pris une photo du python, pas de très bonne qualité, certes, mais montrant les formes de l'animal l'identifiant à la race Seba, la plus dangereuse de la famille des pythons. Des locataires du bloc 11 avaient affirmé, pour leur part, avoir trouvé des traces d'un gros serpent qui sortait probablement chasser durant la nuit. L'histoire du chien (berger allemand) mort des suites de ses blessures après avoir été mordu par un animal qu'on pense être le python constitue une autre source d'inquiétude. “Je ne pense pas que ce soit ce serpent qui aurait mordu le chien”, dira un habitant de la cité, allusion faite au serpent capturé. Devant son salon de coiffure, un jeune homme a confié que ce quartier a toujours vécu des histoires de serpents qui finissent par être oubliées. Il y a quelques jours, une lectrice qui s'est rendue à notre rédaction a parlé d'un gros serpent qui a vécu dans le quartier de Rassauta (Bordj El-Kiffan) il y a une dizaine d'années. Y aurait-il un lien avec le python de Mohammadia ? On n'en sait rien. Pour le moment, le bloc 11 est toujours discrètement surveillé par deux agents de la Protection civile. Le reste, c'est mystère et boule de gomme. Ali farès