Quatre-vingt-seize familles, bénéficiaires de décisions d'affectation de logements sociaux depuis 1992, ont observé, samedi, un rassemblement devant « ce qui aurait dû être [leur] lieu de résidence ». Des hommes, des femmes, des enfants, jeunes et vieillards, tenant les documents dans la main, criaient à qui voulait l'entendre que la cité 96 Logements, sise à Sidi Embarek, en amont de la gare routière de Boumaâti, a été détournée au profit d'autres bénéficaires, « étrangers à la commune ». Douze familles ont été ramenées de la commune de Mohammadia, mercredi soir, occupant ainsi presque la totalité d'un bloc qui compte 24 logements. Le projet, qui a fait l'objet d'une délibération communale datée de 1989, devait revenir aux contestataires, c'est-à-dire « aux enfants d'El Harrach ». Ces derniers ont été dûment recencés comme étant dans le besoin. La plupart d'entre eux, selon le représentant de ces familles, sont l'objet d'arrêtés d'expulsion, « donc SDF » ou occupant des caves. « Nous avons reçu nos décisions en janvier 1992 bien avant le lancement du chantier. Le projet a démarré réellement en 2000 et aujourd'hui il a été livré 48 logements, soit la moitié du projet », a tenu à préciser le président de l'association Cité 96 Logements. Et d'ajouter : « Au lieu de nous livrer cette tranche, les autorités ont préféré nous écarter en attribuant nos biens à d'autres. Nous ne comprenons pas ce revirement d'autant que le président de l'APC d'El Harrach nous a rassurés par écrit, assurant que nos cas seront étudiés et que la cité nous était destinée. » Ces familles tiennent par ailleurs à souligner le passage sur les lieux du wali d'Alger, Abelmalek Nourani, en janvier 2003 : « Il nous a clairement signifié que nous serions rétablis dans nos droits. » Une procédure poursuivant l'APC en justice a été introduite en référé mercredi dernier, selon le président de l'association. La chambre administrative relevant de la cour d'Alger a décidé de renvoyer l'affaire à mercredi prochain au motif que la partie incriminée, l'APC d'El Harrach, était absente lors de l'audience. Aucune autorité n'était présente lors de ce sit-in qui a été observé dans le calme. Une équipe de l'OPGI de Dar El Beïda s'était présentée sur les lieux afin de recenser les 15 familles « venues d'ailleurs ». Sur les 96 bénéficiaires, 9 ont décidé de « squatter » « leur logement » mercredi dans la soirée. Ceux-ci, aux dires du président de l'association, sont considérés comme « indus occupants » et doivent à ce titre quitter les lieux. Notons qu'un des 4 blocs de cette cité a été attribué, il y a quelques mois, à des familles qui occupaient un bidonville sur les berges de l'oued El Harrach. « Encore un impair commis par les autorités », commentent les contestataires en souhaitant un règlement définitif de leur situation. Voulant contacter Mme Zerouat, vice-présidente de l'APC d'El Harrach, chargée du social, pour de plus amples informations, celle-ci a refusé de nous recevoir. Pour le P/APC, Abdelkrim Abzar, qui nous a contactés en fin d'après-midi, ce projet n'est plus du ressort de la commune « depuis que l'OPGI l'a pris en charge en 2000 ». « C'est à cet organisme qui a financé le projet qu'échoit la distribution de ces logements et ce sous la houlette de la wilaya d'Alger. L'APC d'El Harrach n'a aucun droit de regard. Mais je tiens à rassurer que la situation de ces familles sera éudiée au cas par cas, quitte à rétablir la totalité des demandeurs, si, bien sûr, aucun d'entre eux n'a obtenu, depuis, un logement », promet-il, en saisissant l'occasion de « tranquiliser » également les 64 occupants des centres de transit quant à leur relogement « très prochainement ». Comment ? « L'APC d'El Harrach attend qu'on lui restitue ses 120 logements (sociaux), mis à la disposition de la wilaya d'Alger lors du séisme de mai 2003. M. Nourani nous a promis d'honorer cette “dette” le plus tôt possible. Et, ainsi nous aurons réussi à régulariser plusieurs cas », a-t-il conclu.