Des partisans du Hezbollah et de ses alliés, le mouvement chiite Amal, dirigé par le président du Parlement Nabih Berri, et le Courant patriotique libre du chrétien Michel Aoun occupent le cœur de Beyrouth après la méga-manifestation qui a réuni des centaines de milliers de personnes réclamant la démission du gouvernement libanais. Les manifestants ont installé des tentes près de la place des Martyrs, le lieu mythique des anti-syriens, comme ils se dénomment eux-mêmes, et dans les rues menant au siège du gouvernement. Les trois formations, qui se disent être la majorité au Liban, réclament la démission du gouvernement du Premier ministre, Fouad Siniora, qu'ils présentent comme un “auxiliaire fantoche” des Etats-Unis. Les dirigeants anti-syriens, qui contrôlent le cabinet gouvernemental, accusent, de leur côté, le mouvement islamiste chiite et ses alliés de préparer un coup de force. Saâd al Hariri, le chef de fils des anti-syriens, se veut rassurant, affirmant que les manifestations ne feraient pas chuter le gouvernement. Le roi Abdallah d'Arabie saoudite, qui dispose d'une forte influence dans la région, a assuré le gouvernement libanais du soutien de son pays, a indiqué le cabinet de Siniora. Bien que l'origine de la crise soit politique, de nombreux Libanais craignent qu'elle ne dégénère en affrontements entre les différentes communautés. Une forte tension règne entre sunnites et chiites et les chrétiens sont divisés. Le Hezbollah a revendiqué une divine victoire dans sa guerre contre Israël en juillet-août et reproche au gouvernement Siniora de ne pas en tenir compte. Six ministres d'opposition ont démissionné le mois dernier et le gouvernement a encore été affaibli par l'assassinat, le 21 novembre, du ministre chrétien anti-syrien, Pierre Gemayel. Les anti-syriens accusent, pour leur part, l'opposition de vouloir la chute du gouvernement pour faire échouer le tribunal international chargé de faire la lumière sur l'assassinat en février 2005 de l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri, dans lequel beaucoup y voient la main de Damas. D. B.