Redoutant un possible changement de cap des Etats-Unis après la publication du rapport Baker, l'Etat hébreu a dépêché sa ministre des Affaires étrangères à Washington au moment où des préoccupations grandissantes se manifestent en Israël. Tzipi Livni s'est rendue dans la nuit de jeudi à vendredi à Washington où elle doit rencontrer de hauts responsables. “Ce voyage sera l'occasion d'examiner avec ses interlocuteurs le rapport Baker et d'en discuter la portée”, a déclaré un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères. Il faut dire qu'Israël a franchement accueilli le rapport sur l'Irak, préconisant un engagement renouvelé des Etats-Unis en faveur de la résolution du conflit israélo-palestinien. Un haut responsable israélien a jugé que ce “rapport est préoccupant pour Israël, particulièrement du fait qu'il mentionne pour la première fois la question d'un “droit de retour” des réfugiés palestiniens de 1948”. Tous les gouvernements israéliens depuis 1948 se sont opposés à un droit au retour des réfugiés, estimant que s'il se réalisait, il menacerait l'existence même d'Israël, les 5,3 millions de juifs israéliens risquant alors de se retrouver en minorité. “Tout le monde doit être inquiet. S'il est appliqué, le rapport Baker va renforcer l'islam radical dans le monde entier et Israël sera laissé seul dans la lutte, sans les Etats-Unis”, a estimé un professeur de sciences politiques à l'université Bar-Ilan, Eytan Gilboa. “La question est de savoir si le président américain George W. Bush va l'entériner. Les mois qui viennent le diront. Je pense que d'intenses pressions sont exercées sur Bush, même s'il ne croit pas personnellement dans une politique accommodante à l'égard de la Syrie et de l'Iran”, a ajouté l'universitaire. Tony Blair a, quant à lui, lié la résolution du conflit israélo-palestinien et la stabilisation de la région et de l'Irak, en parlant de “vision globale”. Il s'agit, a-t-il dit, d'envoyer le “signal très fort” que les Etats-Unis et leurs alliés “traitent équitablement” les Israéliens et les Palestiniens, contrairement à ce que beaucoup croient dans la région. Par ailleurs, le rapport considère que “les Etats-Unis ne peuvent pas atteindre leurs objectifs au Proche-Orient s'ils ne s'occupent pas directement du conflit israélo-palestinien et de l'instabilité régionale”. À la surprise générale, le quotidien libéral Haaretz soutient le rapport, estimant qu'il ne “traduit pas une attitude hostile envers Israël” et que l'Etat hébreu devrait le “considérer comme une lueur d'espoir”. Le document en question préconise un engagement des Etats-Unis en faveur de la résolution du conflit israélo-palestinien et un retrait israélien du plateau syrien occupé du Golan, en échange d'un accord de paix entre la Syrie et Israël. K. A.