Le Quartette se réunissait, hier, à Charm el-Cheikh, en Egypte, pour faire le point sur le processus de paix au Proche-Orient, alors que Washington a admis l'impossibilité d'un accord avant la fin de l'année. Le groupe, formé par les Etats-Unis, la Russie, l'ONU et l'Union européenne, doit entendre un rapport des responsables israéliens et palestiniens sur l'évolution du processus de paix, gelé pendant près de sept ans avant sa relance en novembre 2007 lors de la conférence d'Annapolis (Etats-Unis). Le président américain sortant George W. Bush espérait qu'un accord de paix serait signé avant la fin de son mandat. Mais la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a implicitement admis jeudi l'impossibilité d'un accord de paix en 2008. Le processus est suspendu au changement d'administration aux Etats-Unis et aux législatives anticipées en Israël (le 10 février), entraînées par la démission du Premier ministre israélien Ehud Olmert, mis en cause dans des affaires de corruption. Mais il est aussi entravé par la lutte de pouvoir entre les principaux mouvements palestiniens Hamas et Fatah. Un dialogue de réconciliation prévu lundi au Caire sous l'égide de l'Egypte a d'ailleurs été annulé à la demande du Hamas, qui a accusé le président Mahmoud Abbas d'avoir fait arrêter des centaines de ses membres en Cisjordanie. M. Abbas et la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni seront présents dimanche dans la station balnéaire égyptienne sur la mer Rouge. Mme Livni a exclu d'avance toute pression lors de la réunion. "Lors de cette réunion, nous allons rendre compte d'où nous en sommes dans les négociations, pas du point du vue de leur contenu mais du processus engagé lors de la conférence d'Annapolis", a affirmé la ministre à la radio publique israélienne. "Nous sommes parvenus à ce que ce processus reste bilatéral (avec les Palestiniens), et à ce que le monde n'intervienne pas dans le contenu des discussions et qu'il soutienne le processus tel qu'il est sans tenter de nous imposer des solutions ou de présenter des solutions intérimaires", a-t-elle ajouté. Mme Livni a également souligné qu'elle ne signerait "aucun accord qui ne servirait pas les intérêts d'Israël et qui ne soit pas suffisamment détaillé pour pouvoir être appliqué. Pour le moment nous n'en sommes pas là et cela peut prendre du temps". Condoleezza Rice a tenté lors de sa tournée dans la région, la 19e en deux ans, d'assurer la survie du processus de paix, avant l'entrée en fonction du président élu Barack Obama en janvier. "Nous devons montrer qu'Annapolis a jeté les bases pour l'éventuelle création d'un Etat de Palestine", a dit Mme Rice vendredi à Ramallah, en Cisjordanie. Elle a assuré être "certaine" que les Palestiniens auraient bientôt un Etat. Mme Rice a également répété que la poursuite de la colonisation israélienne était "incompatible avec l'atmosphère qui contribue à faire progresser les négociations". Outre les chefs de la diplomatie européenne Javier Solana et russe Sergueï Lavrov, seront également présents à Charm el-Cheikh le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, au titre de la présidence française de l'Union européenne, et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. M. Kouchner a souhaité samedi que l'Europe soit à l'avenir davantage présente dans les efforts de règlement du conflit israélo-palestinien. "Nous voulons être des partenaires, pas des substituts dans le meilleur des cas et des accompagnateurs souvent", a-t-il affirmé.