Malgré tous ses aléas, la région connaît une stabilité démographique, car épargnée par l'exode rural. Les habitants sont viscéralement attachés à leur terre qu'ils travaillent pour arracher ses maigres produits. Tous les chemins ne mènent pas à Aït Tizi. Pour y accéder, il faut emprunter la seule route communale étroite, sinueuse mais néanmoins bitumée. Cette unique voie d'accès est une bifurcation de la route départementale de Bouandès (daïra de 60 000 âmes et de 159,40 km2), située à quelque 80 kilomètres au nord-ouest de Sétif dans une région au relief montagneux, accidenté et hostile. Aït Tizi se trouve à 18 km au sud et pour y arriver, on doit traverser les localités d'Ighil, d'Ouaghroum et de Cheriha. Elevée au rang de commune en 1985, elle avoisine une population de 8 000 habitants répartis sur une surface de 36 km2 englobant 18 douars épars. Victime d'un découpage administratif relevant de l'absurde, ses habitants doivent se rendre à Sétif (90 km) pour n'importe quel document administratif, alors que Béjaïa se trouve à une… trentaine de kilomètres. Cette commune enclavée au fond d'une cuvette est frontalière avec Tichy, Tizi n'Berber, Aokas et Boukhlifa, qui relèvent de la wilaya de Béjaïa. Pour ceux qui connaissent la région, son appellation n'est pas un choix fortuit. Aït Tizi signifie Tiziat, c'est-à-dire l'ensemble des collines, une région montagneuse et escarpée. Le climat est rude, surtout l'hiver où les chutes de neige sont abondantes. Malgré tous ces aléas, la région connaît une stabilité démographique, car épargnée par l'exode rural. Les habitants sont viscéralement attachés à leur terre qu'ils travaillent pour arracher ses maigres produits. Les constructions simples et prolifiques témoignent de la vivacité de ses occupants. Sur le plan des infrastructures, la commune compte 7 établissements scolaires des premier et second paliers qui semblent suffisants. Certaines écoles méritent des travaux d'extension et de réfection. On dénombre aussi deux CEM et les élèves des 18 douars parcourent 9 km à pied pour s'y rendre, notamment ceux éloignés et isolés de Bouanane et d'Ineftamène. Ceux du secondaire doivent se rendre à Bougès, distante de 25 km. Le transport est leur problème majeur. Sur le plan sanitaire, elle dispose de deux salles de soin, avec un infirmier pour chacune d'elles et où les soins soutenus sont inexistants, du fait qu'il n'existe pas de médecin. En matière de télécommunication, la commune dispose d'une agence postale avec 5 lignes téléphoniques. Ces dernières sont réparties à raison de deux pour l'APC, une pour la brigade de gendarmerie, une pour la poste et une pour un taxiphone. Seule une antenne de l'opérateur Nedjma est fonctionnelle. Les réseaux d'assainissement et d'AEP sont les plus à déplorer. Les fosses sceptiques et les réseaux archaïques existants sont loin de satisfaire les besoins des citoyens. Les fontaines publiques d'Ineftahen, d'Igil, d'Ezoughagen, d'Ahamam et de Tizi n'Tagua doivent être aseptisées pour éviter toutes contaminations. La jeunesse se meurt dans l'oisiveté. Il n'y a point d'infrastructures sportives culturelles ni de perspectives d'emploi. Un jeune universitaire au chômage depuis des années nous a déclaré : “Nous subsistons grâce à l'euro…” Allusion faite au fort taux d'émigrés partis de cette région. En hiver, où le froid est sibérien, la bouteille de gaz butane est vendue à 400 dinars. La région connaît un sérieux problème de déboisement qui déséquilibrera l'écho-système dans un proche avenir. Le bois est utilisé à outrance comme combustible. Entre la population d'Aït Tizi et les responsables locaux, ce n'est certainement pas la lune de miel. Ici, politiques et associations sont souvent accusés de faire dans la manipulation. Farid Benabid