D'éminents professeurs et chercheurs universitaires des quatre coins du globe se sont donnés rendez-vous pour faire le point sur la pratique mystique du soufisme dans toutes ses dimensions. Organisée par le ministère de la Culture et le CNRPAH, le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques, la 3e édition du colloque international sur le soufisme, prévue à Béjaïa du 10 au 13 décembre, s'est ouverte, hier, à la Maison de la culture en présence d'un parterre d'ambassadeurs, des autorités de la ville et de personnalités du monde de la culture. D'éminents professeurs et chercheurs universitaires des quatre coins du globe se sont donné rendez-vous pour faire le point sur la pratique mystique du soufisme dans toutes ses dimensions. Après Mostaganem et Tlemcen, et comme souligné par M. Slimane Hachi dans son allocution d'ouverture et le professeur Aïssani lors de son intervention, le choix de la ville de Béjaïa pour abriter cette 3e édition est évidemment lié au passé scientifique prestigieux de cette ville millénaire qui a vu naître ou passer de grands savants, comme Ibn Khaldoun en 1352, Nasir Eddine Zwawi (1235-1335), Ahmed Ben Idris, mort en 1358, Al Barnussi (1443-1493), Al Waghlissi, mort en 1384, et Sidi Boumediene al Ghaouth, patron de la ville de Tlemcen, qui a également séjourné longuement à Béjaïa. Le mysticisme, qui imprègne fortement le XIIe, le XIIIe et le XIVe siècles au Maghreb au moment où se dessine une renaissance des études du fiqh autour de certains grands maîtres et de leurs disciples et continuateurs, fonde la vie spirituelle, les rapports sociaux et les solidarités sociales sur de nouvelles règles qui s'éloignent quelque peu des pouvoirs politiques. De nombreuses confréries religieuses, à travers un réseau compact et dense de zaouïas, prendront le relais pour essaimer à travers toute l'Afrique et enraciner cet islam typiquement maghrébin qui a su lier le culte et la culture, le spirituel et le temporel et qui se voit aujourd'hui submergé, voire délogé par des visions nouvelles et hégémoniques venues d'ailleurs. La poésie soufie, la musique mystique, l'hagiographie religieuse en Kabylie, la confrérie tidjania, la tariqa rahmaniya, l'historiographie des grands maîtres du soufisme, l'analyse sociologique des pratiques islamiques au Sénégal, voici l'intitulé de quelques-unes des nombreuses et passionnantes communications programmées tout au long de ce colloque à la Maison de la culture de Béjaïa. À côté des nombreux chercheurs et intellectuels issus des universités algériennes, le prestigieux panel de professeurs venus d'Egypte, de France, d'Allemagne, de Turquie, du Japon, du Maroc et de Tunisie, pour ne citer que ces pays-là, est déjà en soi un gage de réussite. Les apports promettent d'être riches et les débats féconds. Djamel Alilat