Evidemment, ceux qui s'attendent à voir le chef du MSP dévoiler des noms de ces personnalités impliquées en seront d'emblée pour leurs frais, car lui-même avait expliqué qu'en tant que leader politique, sa vocation n'était pas de jouer à Sherlock Holmes, mais juste d'alerter sur le danger de la corruption qui gangrène les rouages de l'Etat. Vingt-quatre heures après le discours du président Bouteflika dans lequel il avait vertement tancé Abou Djerra Soltani, ce dernier est convoqué par le parquet qui s'est autosaisi du dossier. Le chef du MSP, qui avait jeté un gros pavé dans la mare en prétendant être en possession de dossiers de corruption impliquant des hauts responsables de l'Etat, aura ainsi l'occasion d'apporter on non la preuve de ses déclarations sulfureuses. Il faut dire que c'est la première fois que la machine judiciaire, restée impassible pendant les jours qui ont suivi les déclarations, s'emballe de façon aussi prompte pour inviter le patron du parti islamiste à s'expliquer. Sans doute que les injonctions du président de la République y sont pour une grande part dans cette subite célérité du parquet. Evidemment, ceux qui s'attendent à voir le chef du MSP dévoiler des noms de ces personnalités impliquées en seront d'emblée pour leurs frais, car lui-même avait expliqué qu'en tant que leader politique, sa vocation n'était pas de jouer à Sherlock Holmes, mais juste d'alerter sur le danger de la corruption qui gangrène les rouages de l'Etat. Il est vrai que politiquement, le coup est jouable pour un leader soucieux de se concilier une base, presque en déshérence, à quelques encablures que nous sommes d'échéances politiques aussi majeures que les législatives. Mais dans le cas de Abou Djerra Soltani, qui a le rang de ministre d'Etat et dont le parti fait partie de la coalition présidentielle, le fait d'avoir étalé sur la place publique le dossier de la corruption est perçu comme une transgression de la sacro-sainte règle de la solidarité gouvernementale. C'est ce manquement à un usage consacré que lui a reproché le président Bouteflika et qui risque fort de lui valoir son poste de ministre, à l'occasion du prochain changement de gouvernement. Abou Djerra aura appris ainsi à ses dépens qu'on ne peut “manger avec le loup et pleurer avec le berger”, comme le dit cet adage bien de chez nous. N. S.